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Partie 5 : Enfer à domicile

 

Retour sommaire Enfer à domicile

Episode 8 : A part ça, la vie est belle...

 

Enfer à domicile partie 5 (début en com)

 

-Votre téléphone sonne.

Nara leva les yeux vers Hatori qui, aussi flegmatique qu'à l'accoutumée, faisait la poussière sur la table de verre devant elle.

Nara attrapa vivement le combiné qui s'égosillait sur un air de Debussy.

Hu Jun Ji, assis près d'elle, reposa les partitions sur lesquelles il travaillait avec un air narquois:

-J'aurais jamais cru que tu pouvais avoir des goûts aussi ringards ! Debussy sur un téléphone...!

-Celui qui le reconnaît est tout aussi ringard, rétorqua la jaune fille en acceptant la communication.

Aussitôt, son expression changea totalement:

-Kyu Gussi ! Je suis tellement contente de vous entendre ! Vous êtes toujours à Busan ? Chef du service de cardiologie de l'hôpital Kyu Gan? Félicitations! On m'a dit que c'était le meilleur de la région ! Vous allez venir ici pour me rendre visite ? Je suis désolée, je ne peux pas vous héberger... Je vis chez mon...patron... Je suis...euh... secrétaire... Non, le travail n'est pas fatigant...Oui, j'ai hâte d'être au 25 !

Elle raccrocha, l'air ravi.

Hu Jun Ji eut un rictus narquois; "Alors, un soupirant te tourne autour ?

Nara haussa les épaules : Rien qui te regarde.

-Je te l'ai dit, je suis ton patron !

-Et moi, je te l'ai dit : Subis-moi ou vire-moi...Je n'ai rien à te dire...

-Ça ne m’intéresse pas de toute manière...

-Tant mieux!

Pyon Nara s'éloigna sur le balcon. Elle avait besoin d'être seule pour repenser à Kyu Gussi.

Kyu Gussi... Le héros de son enfance... Le prince charmant protecteur qui servait de grand frère à l'occasion... Il vivait dans le même bâtiment qu'elle, dans un quartier modeste de Séoul, à l'étage en dessous.

Déjà, lorsqu'on l'ennuyait pour son physique, il mettait fin à la situation. Il n'avait d'ailleurs aucun mal : lorsque ses persécuteurs de six ans voyaient rappliquer ce géant de 16, ils se répandaient en excuse...

Pyon Nara, dans le silence de sa chambre, avait rêvé de l'épouser des dizaines de fois. Mais même enfant, elle s'était toujours fait une raison,

-Il est beau, chef de service et chirurgien, intelligent... Que ferait-il d'une fille aussi quelconque ?

Heureusement, c'était aussi un ami fidèle avec lequel on pouvait toujours discuter de sujets passionnants comme le boson de Higgs ou le principe d'incertitude de Heisenberg...

Même Gu Na ne comprenait rien aux études qu'elle s'était choisies : la physique ne faisait pas l'unanimité.

Mais même si le sujet était ardu, c'était son jardin secret dont son père lui avait donné la clé.

"Nara, avait-il déclaré, penche-toi sur les secrets de l'univers et tu découvriras ce que tu cherches.

Quand elle lui demandait ce qu'elle cherchait, il riait avant de lui dire d'un air mystérieux, un doigt sur les lèvres:

-La découverte ultime. La règle qui régit l'univers.

-Le théorème d'unification?

-Tu verras..."

Et Nara, après sa mort, avait cherché quel était ce secret...tantôt dans ses affaires, tantôt sur internet...

Si elle y arrivait, c'était la thèse assurée...

Sa situation présente la ramena à la réalité: Encore faudrait-il qu'elle soit en mesure de la présenter...

Hu Jun Ji avait fait la fête avec ses copains dans le salon jusqu'à 6 heures du matin, aujourd'hui encore...

Pourquoi avait-il besoin de tant de pool-parties et de types creux et superficiels autour de lui...?

-Hu Jun Ji, tu pourrais me prêter les clés de ta voiture? La mienne a été empruntée par Park Shin Hye...

En parlant de gens superficiels...Jia Hara venait de faire son entrée. Heureusement que cette garce allait sortir du paysage...

Hu Jun Ji lança ses clés au chauffeur de Jia Hara qui vint se blottir contre lui.

-Je t'ai manqué ?

Hu Jun Ji sourit : Énormément... Il y a une chose dont je voulais te parler...

Nara soupira ; le moment de vérité. Ce devait être dur pour lui.

Hu Jun Ji s'était avancé vers Jia Hara et pris un air grave:

-Jia Hara, cela fait longtemps qu'on se connait et nous avons évolué de manière différente...

Hatori retint son souffle;

'Ça y est, il va la jeter.

Hu Jun Ji s'assit :

-Je pense que nos évolutions sont la richesse de notre couple. Je veux officialiser notre relation.

Nara et Hatori restèrent bouche bée.

Jia Hara eut un air étonné:

-Pourquoi est-ce si soudain?

-Je lis des horreurs sur le net, que tu me trompes avec Gun...

-Jun Ji...

-Je ne veux pas le savoir! Mais je ne veux plus de concurrence : je te veux pour moi tout seul.

Jia Hara fronça les sourcils:

-Mais pour nos carrières...

-On y arrivera...

-Mais...

-Je veux vivre avec toi.

Nara sentit une colère sourde l'envahir et elle quitta la pièce à la hâte.

***

-Gu Na? C'est Nara! Tu ne devineras jamais! Non seulement il n'a pas largué la femme qui le trompe et qui veut sa mort, mais, en plus, il veut officialiser!

-Nara! Me dis pas que tu es encore chez ce sale type! Evidemment qu'il va rester avec cette greluche: elle est belle, riche... Le reste, dans ce milieu...

-Il avait l'air vraiment désespéré lorsqu'il a vu qu'elle l'avait trahi...

-Penses-tu! Blessure d'amour propre. Il va la récupérer, l'épouser et se payer ta tête à deux ! Ce type t'utilise comme un carlin domestique.

-C'est fidèle et on se marre devant sa laideur...?

-Exactement. Tire-toi de là, Nara, tu vaux mieux que ça...

-5000 000 wons, la semaine.

-Quoi? !!!

-Et je lui ai bien dit qu'il me prenait comme j'étais. Si cela ne lui plait pas, il me vire. Alors, je fais ce qui me plait et si , en prime, ça consolide mes finances...

-Sûr que vu comme ça... mais tu vas arriver à les supporter Dracula et Morticia?

-Je vais faire avec. Ne t'inquiète surtout pas pour moi...

***

21 août, Emission "Busan Week", 10h

-Hu Jun Ji, je suis heureuse de vous accueillir aujourd'hui... Une question que tout le monde se pose et je sais que vous ne répondrez pas mais cependant... Des bruits courent qu'entre vous et Jia Hara...?

-Ils sont vrais.

-Comment!!!!????

-Je ne peux plus le cacher, nous nous aimons.

-Comme c'est romantique ! Et vous avez pensé à votre avenir?

-Bien sûr! D'abord, je vais la présenter à ma mère...

-Pas à votre père...

Le regard de Hu Jun Ji se troubla :

-Il est mort quand j'étais plus jeune...

-Oh, je suis désolée...

Le regard retrouva sa transparence et sa candeur:

-puis on va acheter une grande maisons sur les hauteurs de Séoul... et on aura un chien.

-Et des enfants?

-J'ai toujours rêvé d'en avoir!

***

Jia Hara sortait de scène lorsqu'elle se sentit happée brutalement et entrainée dans un coin sombre: Gun paraissait à bout de nerfs.

-Tu l'as laissé officialiser votre relation?

-Que voulais-tu que je fasse?

-Que tu lui interdises de le faire!

-Ce n'est pas si grave!

-Pas si grave! On est membre du même groupe! Censés être amis ! Si c'est lui l'officiel, je deviens quoi, moi?

-Le type qui lui a piqué sa copine. C'est pour ça que je préfèrerais qu'on arrête de se voir...

-Tu plaisantes?

-Sa côte était au plus bas après son suicide mais depuis qu'il joue les Roméos à l'antenne, elle est remontée en flèche! Il a gagné 8 millions de followers sur Insta!

Gun la regarda, incrédule:

-Et nous? Qu'est-ce que tu fais de nous?

-Je te l'ai dit : Je ne sors qu'avec des winners...

***

23 août, Séoul, appartement de Hu Jun Ji, 2 heures du matin.

Nara ne pouvait pas dormir. Elle quitta le canapé pour rejoindre la cuisine, cherchant à tâtons, la table basse afin de se repérer.

Pas de table. Et à sa place, le vide.

Avec un grand cri, Nara bascula dans le trou béant de la piscine.

Sur le sol carrelé mouillé, elle massa sa cheville douloureuse:

-Il a fallu que j'aille habiter dans le seul appart à géométrie variable au monde ...Bon sang, c'est la maison de Dr Strange, ici...

Elle essaya de se lever, ce qui lui arracha une grimace de douleur.

-Dr Strange... C'est un nom qui lui va comme un gant. Froid, bizarre et toujours en train de faire n'importe quoi avec ses murs... C'est tout lui...

La lumière s'illumina brutalement et Hu Jun Ji fit irruption dans la pièce:

-Ça va?

Nara resta stupéfaite: pas de sarcasme. Il avait l'air sincèrement inquiet.

-Tu joues les Pierrot enamourés à la télévision, tu te soucies des autres... Le choc de ces derniers jours a crée chez toi une dissociation de personnalité?

Hu Jun Ji sourit, rassuré:

-En quoi mes problèmes psychiatriques te concernent-ils?

-Si tu as des personnalités multiples, je voudrais bien savoir si, à côté de Hamtaro le petit hamster se cache Freddy, les griffes de la nuit...

Hu Jun Ji secoua la tête en riant:

-Vraiment n'importe quoi... Je ne vois pas ce qu'il y a de bizarre à s'inquiéter parce qu'une débile a voulu prendre un bain de minuit à sec.

-Qu'est-ce que ça peut te faire?

-C'est ma piscine et je n'ai pas de dispositif de sécurité. Pas envie de passer au tribunal pour ça.

Il sauta lestement près d'elle et l'aida à se lever.

Nara grimaça de douleur.

-Tu voulais me tuer, c'est ça?

-Pourquoi je ferais une chose pareille?

-Pour que je ne gêne pas ta jolie fiancée?

Hu Jun Ji cessa de sourire:

-Ne parlons pas de ça, tu veux?

-Pourquoi? Tu as trouvé le moyen de la garder pour toi tout seul... c'est pas le plus digne, mais c'est le plus efficace...

Hu Jun Ji haussa les épaules: Je sais ...

-C'est pour ça que tu m'as embauchée? Parce que tu sais qu'elle va me virer?

-Tu es à mon service, pas au sien.

-Elle exigera que je parte. Et je n'ai pas l'intention de changer mon attitude envers elle.

-Parfait.

Nara regarda Hu jun Ji avec méfiance . Ce dernier venait de poser sa cheville blessée sur le canapé et avait entrepris de la strapper grâce à une bande posée là.

Nara sourit:

-Que fait une bande dans un salon?

-Tu crois vraiment que tu es la seule a avoir expérimenté la chute en piscine?

Nara éclata de rire:

-Tu es déjà tombé?

-Ça m'est arrivé.

-Mais quelle idée aussi de transformer tout son appartement en pataugeoire! Tu es la réincarnation d'une carpe Koï?

Hu Jun Ji eut un regard triste qu'elle ne s'expliqua pas, pas plus que la phrase qui suivit:

-Si seulement...

***

Busan, salle des congrés, scène , 5 septembre 2022, 14h

-Hé, Jun Ji, tu es obligé de trimballer ta secrétaire hideuse partout?

-Ça va, Gyon, rétorqua Bu Hin, laisse-la tranquille! Jun Ji, tu pourrais défendre ton personnel quand même...

-Avec une tête pareille, la sage femme a dû s'enfuir en hurlant à la maternité, insista Gyon. Pas vrai? demanda -t-il à Nara.

Cette dernière referma son livre de quantique à regret:

-Il n'y en avait pas. La précédente a été évacuée avant mon arrivée et transportée, traumatisée, d'urgence dans un hôpital psychiatrique où elle répétait avoir assisté une femme pour la naissance d'un enfant acéphale... Je crois que le signalement correspondait à celui de ta mère...

Les membres du groupe et quelques techniciens éclatèrent de rire.

Jia Hara, vexée, entra dans la danse:

-Ça va... Elle pourra dire ce qu'elle voudra, il n'empêche que la nature ne l'a vraiment pas aidée...

Nara feuilleta pour retrouver sa page:

-C'est facile d'aider la nature avec beaucoup d'argent.

-Qu'est-ce que tu sous-entends encore, la mocheté? Ma beauté est naturelle.

Nara ne leva pas les yeux afin de ne pas perdre de vue sa démonstration et jeta d'une voix indifférente:

-Mille excuse. J'ai cru à tort à un lifting en constatant que tu fermes les yeux chaque fois que tu claques des talons...

Jia Hara poussa un rugissement:

-Jun Ji!!! Fais quelques chose!

-Tu as raison. Mocheté, tu pourrais aller me chercher un cappuccino?

***

-Sérieusement, tu ne pourrais pas utiliser ton argent pour t'installer ailleurs?

-Non, Kyu Gu ssi, je dois rester à disposition.

-A disposition de quoi? Des caprices de ce timbré?

Nara se cala confortablement entre deux coussins en prenant soin de ne plus toucher au mécanisme de la piscine.

-Ne vous inquiétez pas, la situation est sous contrôle...

-Nara... J'ai passé un an à te voir rentrer en pleurs à cause de ce demeuré.. Il parait s'être un peu calmé mais il prépare sûrement un mauvais coup.

-Kyu Gussi, il me paie très bien et maintenant, il me traite bien aussi. Ça va aller...

-J'espère que tu sais ce que tu fais..."

Nara raccrocha. La lune illuminait le salon.

Jun Ji traversa ce dernier:

-Alors Mocheté? Tu ne dors pas?

-J'étais au téléphone.

-A 4 heures du matin?

-Kyu Gu ssi a toujours été avec moi, à toutes heures.

Jun Ji prit un air ironique:

-Un fier chevalier au secours de la grenouille?

-Ris tant que tu veux. Tu ne peux pas comprendre: Kyu Gussi est un homme bien, lui.

-Je suppose que la distinction m'est destinée?

-Je ne peux pas placer dans la catégorie "Gens bien", ceux qui font du mal aux autres.

Jun Ji haussa les épaules:

-N'empêche... Les types toujours gentils avec tout le monde... Jamais une remarque qui dépasse... Quel ennui! Tu as raison, Mocheté, je ne suis pas un type bien.

-C'est clair. Même si en journée, tu te donnes un mal de chien pour donner le change... C'était bien le tricotage des chaussons pour bébés pour la grande collecte en faveur des orphelins des soldats du feu ?

-M'en parle pas... Une idée de ma mère... Une horreur...Quelle idée de me demander un truc pareil? S'ils ont besoin d'argent, je peux signer un chèque!

Nara se sentit blessée sans en comprendre la raison:

- parce que tu crois qu'on peut tout régler avec de l'argent? Tu te dis qu'en payant assez, tu peux racheter ce que tu as fait?

-On parle plus des orphelins, là, non?

-Tu te fiches des orphelins!

Le visage de Hu Jin Ji se figea:

-Perdre son père est la pire chose au monde. Mais je pense que pour les aider, on peut faire mieux que leur envoyer des trains électriques!

Nara se calma :

-Toi aussi, tu as perdu ton père?

Le jeune homme se leva :

-J'ai perdu bien plus que cela. J'ai tout perdu.

***

"Hatori... Il y a un truc qui m'échappe...

-Le nom de l'objet que vous voudriez lancer à la tête de Jia Harassi...?

-Quoi?

-Rien... Un de mes vieux fantasmes qui ressort...

Hatori eut le temps de ranger trois rangées de livres de la bibliothèque avant de réentendre un profond soupir.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Au train où vont les choses, il va la demander en mariage...

-Et alors?

-J'ai voulu prendre un peu d'avance puisque je vais sûrement me retrouver à organiser la noce et j'ai pris des renseignements sur lui...

-en bref, vous avez pris le premier prétexte qui passait pour aller fouiner dans sa vie privée.

-Pas faux.

-Et qu'avez-vous trouvé?

-Rien.

-Pardon?

-Dans un appartement, il y a toujours des photos de sa famille, ses amis, ses vacances, son chat... Il n' y a aucune photo nulle part...

-Probablement dans son téléphone.

-J'ai vérifié.

-Vous avez craqué son téléphone?

-Il n' y a rien... Pas une vidéo... Rien...

-Monsieur n'aime pas les photos...

-Alors, je suis allée à Yongdung.

-Pourquoi faire?

-Il est né là-bas. Je voulais avoir des informations.

-Pourquoi faire?

-Je n'aime pas les mystères.

-Je ne vois pas où est le mystère.

-La mairie de Yongdung a brûlé : il ne reste aucune trace des registres...

-Ce sont des choses qui arrivent....

-Un homme qui n'existe pas avant l'âge de 13 ans, vous trouvez cela naturel, vous?

-Je crois que vous faites beaucoup de bruit pour rien... Je ne vois pas ce que monsieur pourrait cacher....

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