Partie 13 Enfer à domicile
"Mocheté, tu peux aller me chercher un de ces trucs délicieux?
-Lequel?
-Celui d'hier... Avec le saumon...
-Ca marche...
-Et puisque tu y es... Ramène-moi le nouveau kpop magazine...
-Tu lis ce genre de revue, toi?
-Evidemment ! Comment je saurais qui est numéro 1, sinon ?
-Ben... C'est sur le net, non ?
-Il y a aussi ceux qui ne vont pas sur le net... et dans ce cas, kpop magazine, c'est l'alpha et l'oméga...
Pyong Nara hocha la tête et eut une moue convaincue:
-Pas bête...
Elle s'écarta pour laisser passer un technicien. Ces coulisses étaient vraiment peu pratiques avec ce fatras qui traînait un peu partout.
-En scène!
Hu Jun Ji se leva.
-Alors, altesse, on est en forme ? On ne va pas avoir ses vapeurs?
Ji Lun était là et le fixait, ironique.
-C'est vrai que côté vapeur, tu t'y connais, rétorqua Nara, tu souffles comme une locomotive. C'est peut-être toi qui devrait te faire examiner...Il faudrait pas t'asphyxier sur scène...
Le jeune homme se tourna vers Di Jun qui venait de le rejoindre.
-Tu as vu ça? Aussi bête que moche! Il la traite comme de la crotte mais elle le défend bec et ongles...
-Comme un chien...
-Un chien très moche...
Nara haussa les épaules :
-Je préfère être un chien qu'un serpent...
Ji Lun la regarda, mi-narquois, mi-intrigué:
-Un serpent ?
-Désolée de la comparaison mais elle m'est venue toute seule en te regardant ramper toute la journée avec toute personne qui pourrait juste un peu te mettre en valeur sur une photo...
-Tu dis quoi, l'horreur !?
Di Jun posa une main apaisante sur son avant-bras:
-Laisse dire... C'est personne. Moche, bête et sans talent. Tout ce qu'elle peut faire, c'est servir de larbine à un mec qui ne bouge même pas le petit doigt quand on l'insulte.
Hu Jun Ji leva les yeux du téléphone sur lequel il pianotait depuis cinq minutes :
-Vous disiez ? Oh ! La défendre ? Jamais je ne ferai ça!
-Parce que tu penses que cela nuirait à ton image de dieu inaccessible...?
-Parce que j'adore cette façon qu'elle a de vous mettre plus bas que terre... C'est excellent. Je ne ferais que la gêner... Alors, je préfère la laisser se débrouiller...
Li Jun, toujours mal remis de sa colère, eut un sourire méchant:
-On peut aussi voir comment elle se débrouille toute seule dans des situations plus... amusantes...
Le regard de Hu Jun Ji se durcit et toute trace de sourire déserta son visage parfait :
-Par contre, touche-la et je te jure que tu ne pourras même plus ramper.
Il reprit un air désinvolte pour lancer:
-On n'approche pas mon personnel.
Pyon Nara regarda Hu Jun Ji, faussement décontracté. Maintenant qu'elle le connaissait, elle se rendait compte qu'elle avait fausse route sur pas mal de points dont le principal:
Le mec le plus populaire du collège n'était pas aussi entouré qu'elle l'imaginait.
-Il est vraiment seul, en fait. Tout le monde le déteste...
Ils allaient entrer sur scène.
Un très jeune homme courut vers eux.
Hu Jun Ji le toisa froidement :
-Vous êtes ?
-Kim Lyong! Je viens pour remplacer Kim Gun !
Di Jun haussa les épaules:
-C'était à prévoir ! Avec tout ce foin autour de Jia Hara... (il se tourna vers Hu Jun Ji). En même temps, personne ne verra la différence ! On ne devrait pas s'appeler les TXL mais Hu Jun Ji and co !
Hu Jun Ji fronça les sourcils:
-Tu as un problème, Di Jun ?
-Oui, c'est toi, mon problème ! Tu ne sais que rapper et danser... Tu joues comme un gamin de maternelle et tu ne sais même pas chanter mais on ne voit que toi parce que c'est ta mère qui est aux commandes !
Hu Jun Ji haussa les épaules:
-Va donc te plaindre auprès d'elle, dans ce cas !
-Tu sais très bien que je ne le ferai pas! Je serais débarqué dans la minute comme Gun et tu sais pourquoi ? Parce qu'on soit bons ou pas, cela n'a aucune importance: on est juste là pour que monsieur puisse avoir son groupe en palliant à ses lacunes !
Hu Jun Ji eut un sourire ironique;
-Arrête, je vais pleurer ! C'est trop triste ! Etre payé une fortune pour performer sur scène ! Tu sais combien voudraient être à ta place? (il désigna le nouveau venu) Des comme lui, qui attendent que tu sortes pour rentrer, il y en a des centaines !
-Ouais, jeta Di Jun, mais des comme toi, qui te regardent te vautrer un peu plus à chaque drama et qui attendent leur heure, il en a des milliers ! Tu es fini, Hu Jun Ji et ta mère ne pourra rien y faire car lorsque plus personne ne se déplacera pour te voir, elle aura du mal à acheter elle -même toutes les places de cinéma et de concert! Tu étais fini avant même ton séjour à l'hosto ! Et maintenant... Combien de temps avant qu'on ne vire un acteur nul qui a besoin de s'asseoir toutes les 10 minutes ? Le leader d'un groupe qui s'efface à chaque couplet car il ne sait pas pousser la chansonnette ? Tu es fini et ça me fait très plaisir même si je dois finir comme Gun !
Le sourire narquois de Hu Jun Ji s'accentua et il lui tapota la joue:
-Ben voilà ...Ca fait du bien ? Tu t'es bien soulagé ? (son visage redevint grave et son regard dur) Désolé de casser tes rêves de gloire, mon gars. Tu n'es pas content ? Tu veux ma place ? Demande à ta mère de t'ouvrir une agence ! En attendant, désolé de te décevoir mais je vais rester. Longtemps. Alors, si tu as un problème avec ça, tu peux décamper tout de suite. Je suis sûre qu'il y a plein de ... (il jeta un coup d'oeil rapide vers la nouvelle recrue) Kim Jong...
-Kim Lyong, corrigea aimablement celui-ci.
-Kim machin pour te remplacer. ( Il se tourna vers Ji Lun qui le regardait avec une égale méchanceté) Et on doit pouvoir en trouver un deuxième pour que vous puissiez partir bras-dessus bras-dessous. Maintenant, en scène. (Il se tourna vers Kim Lyong qui tremblait de tous ses membres). J'espère qu'on t'a fait répéter avant de t'envoyer ici. Bienvenue en enfer."
Il afficha un grand sourire et courut sur scène sous les ovations de la foule.
***
-Tu fais quoi?
Dans un coin discret, Hu Jun Ji s'était isolé avec un cahier sur les genoux.
-Chut! Parle pas aussi fort, Mocheté ! J'apprends mon texte.
-Je vois pas ce qu'il y a de mal pour un acteur d'apprendre son texte!
-Pas la moindre envie que ma répèt' devienne le spectacle de la journée!
-Pourquoi ça?
-Parce que je suis nul.
Nara haussa les épaules:
-Tu ne vas pas te laisser démonter par ce type! Il est fou de jalousie !
-Et il a raison. Je ne suis ni stupide, ni aveugle. Je n'y arrive pas, c'est tout.
-Tu veux que je t'aide à répéter?
-C'est franchement humiliant.
-Plus que de répéter devant des gens qui te détestent et une caméra?
-Je croyais que tu étais la personne qui me détestait le plus ?
-Justement, j'ai atteint un tel degré de détestation que j'arrive à passer outre, compme l'illumination. On y va ?
Hu Jun Ji secoua la tête et sourit:
-Tu es vraiment barrée comme fille... Okay.
Nara se leva:
-Attends une minute... Je vais mettre l'alarme sur mon smart pour ne pas oublier ton traitement....
Elle pianota rapidemment sur son smart.
***
Roe Min Jin attrappa une serviette pour se sécher. Ces répétitions en piscine le révulsaient : pourquoi fallait-il que chaque histoire, quelle qu'elle soit, finisse toute habillée dans un bassin d'eau glacée?
-Je joue un guerrier de l'ère goreyo...Pas un maître nageur... C'était quand même pas sorcier de garder le scénar au sec!
Le chouchou autour de son poignet sous son uniforme était gorgé d'eau et glacé...
-Résultat, je vais encore l'enlever et le perdre à nouveau... Ils sont d'un pénible...
Il se changea à la hâte dans sa loge. Vingt minutes avant la scène suivante. C'était le tour de Hu Kya et Joon Gu...
-Veinards! Eux, au moins, ils restent au sec... Le privilège des rôles secondaires...
Son smart vibra sur la coiffeuse et un message s'afficha:
-Est-ce que vous êtes dispo?
La petite avait donc fini par décider d'entrainer cette tête de mule...
Roe Min Jin enfila sa propre oreillette et la connecta à celle de Nara.
-C'est bon, tu peux y aller, tapa t-il.
***
Nara se tourna vers Hu Jun Ji:
-C'est bon, vas-y!
Ce dernier soupira et s'accroupit par terre, semblant tenir quelq'un dans ses bras...
-Non... Ne pars pas... Ne me laisse pas...
Nara se sentait très mal à l'aise.
Hu Jun Ji s'interrompit :
-Je sais, c'est pathétique...
-C'est vrai que ce moment de l'histoire l'est...
-C'est mon jeu qui est pathétique. Ils ont tous raison... J'y arriverai jamais...
***
Assis sur un fauteuil de sa loge, Roe Min Jin hocha la tête en regardant son smart qui lui renvoyait l'image d'un Hu Jun Ji emperruqué assis par terre et pleurant dans le vide.
-C'est encore pire que ce que j'imaginais...
-C'est quoi qui est pire que ce que tu imaginais ? Demanda Gum en s'approchant pour voir.
Roe Min Jin écarta son téléphone:
-Rien. Rien du tout...
-On a ses petits secrets, maintenant? Tu es en com avec une jolie fille...?
-Oui, c'est ça et nul besoin de ménage à trois... Tu n'as rien à faire?
-Houlà! mais c'est qu'elle te met de mauvais poil, la demoiselle! J'allais te proposer un café mais c'est peut-être pas nécessaire!
-Un chocolat pour moi.
-C'est parti!
La porte à peine refermée, Roe Min Jin augmenta le volume de son oreillette:
-Nara ? Répétez tout ce que je vais dire...
***
Hu Jun Ji fit mine de se lever.
-Non, dit Nara, on va reessayer.
-Pourquoi faire? C'est un carnage!
Nara attendit une seconde avant de répondre :
-Il est vrai qu'on a vu mieux. Mais en persévérant, on va y arriver. Quel moment est représenté ici ?
-Le moment où ma dulcinée part en confettis dans mes bras.
Nara hésita avant de reprendre la parole :
-Je pense que tu devrais commencer par ne plus ironiser sur l'histoire, cela crée une distance qui rend les choses difficiles....
-C'est dur pour moi de ne pas ironiser : elle est débile, cette histoire ! Ils auraient tout pour être ensemble et elle se suicide sous ses yeux juste pour induire cette scène de larmes ridicule!
-Il pleure parce qu'il perd celle qu'il aime! Qu'il y a t-il de ridicule?
-Il a déjà pleuré parce qu'il souffrait, parce qu'il a enterré son meilleur ami, parce qu'il était ému, parce qu'il était heureux... c'est un guerrier ou une fontaine...?
-C'est quand la dernière fois que tu as pleuré ?
-Je te l'ai dit : ce matin, quand ce demeuré est allé admirer un coucher de soleil avec sa pintade.
-Mais pourquoi tu joues un truc pareil si tu détestes l'histoire ?
-C'est ma mère qui a signé, pas moi !
-Pour en revenir à ma question... Quand as-tu pleuré pour la dernière fois ?
-Je te l'ai dit : ce matin.
-Dans la vraie vie ?
Le visage de Hu Jun Ji se ferma :
-Je vois pas en quoi ça te regarde.
-Si tu ne peux pas gérer tes émotions dans la vraie vie, tu ne pourras pas les gérer devant une caméra.
-Pourquoi, tu es une spécialiste ?
-Un acteur a deux manières de jouer : ou il récite un texte en essayant de simuler la joie ou la tristesse comme le font les gamins dans les spectacles de fin d'année, ou il utilise ses propres expériences et émotions pour devenir le personnage. Je te laisse imaginer quelle est la meilleure solution...
-Et qu'est-ce qui te fait dire que je vais trouver la bonne ? ironisa Hu Jun Ji.
-Tu es antipathique, pas débile.
Hu Jun Ji soupira :
-Okay, j'ai compris.
Il se leva et s'avança sensuellement vers Nara et se pencha doucement vers son oreille, souriant de son air troublé.
Il n'avait jamais été si proche. Il s'approcha encore et chuchota :
-Roe Min Jin, si vous faites un truc pareil pour m'aider, c'est que votre offre tient toujours, je suppose. Okay, vous avez gagné, j'ai besoin d'aide. Mais je pense qu'on sera plus à l'aise face à face alors je viendrai à votre pause tout-à-l'heure si vous êtes d'accord...
Nara hocha la tête, troublée:
-Euh... Il dit d'accord pour 17h30 dans ses studios.
Hu Jin Ji se redressa :
-Okay. Une bonne chose de faite. Qu'est-ce que tu dirais d'aller marcher un peu ? J'ai rendez-vous avec Tae Ra.
-Ta mère va être d'accord ?
-Ma mère doit me laisser 6 heures de pause par jour hors nuit. Sinon, c'est la fermeture de l'agence. Elle n'est pas ravie mais je revis.
-Alors toi et Tae Ra, c'est du sérieux ?
-On est amis, c'est tout... Qu'est-ce que tu vas chercher ?
-Elle est venue huit fois la semaine dernière...
-Et ?
-Elle se pend à ton cou... Tu es plus gentil avec elle qu'avec n'importe qui d'autre...
-C'est pas vrai, Mocheté, s'esclaffa Hu Jun Ji, tu es jalouse ou quoi ?
-On n'est pas ensemble, je ne vois pas pourquoi... mais je pense que cette fille est amoureuse de toi.
-Elle est contente de parler de son copain, c'est tout.
-Et tu es content de pouvoir en parler, toi aussi ?
-Moi ? Je ne peux pas en placer une ! C'est pas une fille pour rien. De toute manière, l'écouter me suffit. Et comme elle l'idéalise complètement, ça me permet de remettre les choses à leur place.
-Comme quoi ?
-C'était une vraie tête de pioche quand il s'y mettait...
-Il était sympa ?
-Pas avec tout le monde.
-Avec toi ?
-Qui pourrait ne pas être sympa avec moi ?
-Ce qui vous a rapproché, c'était votre désir de devenir des idoles ?
-Notre désir de ne pas le devenir. Ses parents étaient aussi starbés que les miens. Mais retrouver Tae Ra m'a permis de comprendre un truc.
-Quoi ?
-Que se miner en pensant au passé, ça ne sert à rien et qu'il vaut mieux avancer.
-Ca veut dire que tu ne fais plus de cauchemars ?
-Non, j'en fais encore : il m'arrive de rêver de toi...
Nara lui lança un grand coup de poing dans les côtes :
-Ca, c'est pour ce que tu viens de dire...!
Hu Jun Ji éclata de rire :
-Et tu vas dire que j'ai tort de cauchemarder !
***
Depuis l'entrée des coulisses, la présidente Hu Gu Sun regardait Jun Ji et Na Ra. Il est clair que ce petit imbécile était ravi de lui pourrir la vie. Six heures de pause ! De quoi faire sauter nombre de contrats ! Est-ce que ces imbéciles du département de protection des artistes avaient la moindre idée de ce qu'une minute coûtait dans ce métier ?
Des problèmes cardiaques? Et puis quoi encore ? Il avait réussi à graisser la patte aux bonnes personnes! Si seulement Hu Ku Ren était encore là ! Lui savait le remuer ! Il ne lui aurait pas parlé avec cette arrogance !
Encore que ça, c'était nouveau... Comme ce besoin de se reposer sans arrêt... Hu Jun Ji avait toujours été difficile mais ces dernières années, il ne se la ramenait pas trop...Il n'aurait manqué plus que ça après ce qu'il avait fait...
Mais ces derniers temps, il était redevenu pénible, frondeur... A quoi était dû ce changement ?
Son regard tomba sur Nara qui riait près de lui.
Cette horreur ? Non. Elle ne pouvait pas l'interesser... Mais alors qui ? La petite Tae Ra ? Elle avait plutôt un effet apaisant sur lui.
Elle reporta son attention sur Jun Ji qui riait avec Nara.
Et si... ? Elle sortit son Smart et ouvrit ses messages... Le premier de sa série noire, quelques semaines auparavant...
-Compte-tenu du verdict prononcé lors du procés opposant Pyon Nara au ministère public, il a été décidé que monsieur Hu Jun Ji devrait être suivi médicalement dans la semaine du 2 au 9 juillet. Si l'état de déficience cardiaque n'était pas avéré, il devra bénéficier d'un suivi psychologique...
Pyon Nara ! C'était à cause d'elle, toute cette histoire ? A bien y réfléchir, Jun Ji était bien plus souple quand cette peste ne trainait pas dans le coin...
Hu Gu Sun sourit: après tout, si le problème se résumait à ça... Il suffisait de s'en débarrasser...
***
Roe Min Jin soupira:
-Reprenons...Quand as-tu pleuré pour la dernière fois ?
-C'est pas vrai ! Qu'est-ce que vous avez avec ça ?
-J'ai, que si tu veux pouvoir jouer, il va falloir surmonter ce blocage émotionnel !
-Je n'ai aucun blocage émotionnel ! affirma Hu Jun Ji.
-A d'autres ! Tu te ballades avec un cadenas autour du cou et une pancarte "No Trespassing" sur le front !
-Je dois jouer un personnage, pas passer chez le psy !
-Si tu avais la moindre idée de ce qu'est le métier d'acteur, tu verrais que c'est exactement la même chose ! Un acteur n'est pas un boulanger ou un mécanicien.
-Je vois pas la différence !
-Un mécanicien fournit un service. TU es le service. Tu dois être le vecteur des émotions de celui qui regarde et, si tu ne donnes rien, le spectateur ne ressent rien. Si tu ne veux pas te livrer, c'est ton choix, mais peut-être alors que c'est ce métier qui ne te convient pas. As-tu déjà envisagé le problème sous cet angle ?
-Je suis aussi bon acteur que...!
L'indignation de Hu Jun Ji retomba. Roe Min Jin n'attaquait pas ses qualités d'acteur. Il se posait juste sincèrement la question.
Hu Jun Ji soupira :
-Ce n'était pas mon idée à la base. C'était une idée de mes parents.
-Tes parents ?
-Mon père a été une idole quand il était jeune. Il n'a jamais supporté de retomber dans l'anonymat. Quand il a perdu tout espoir de remonter sur les planches, il a décidé que je prendrai le relais et il a commencé à m'entrainer.
-Tu avais quel âge?
-3 ans.
Roe Min Jin soupira :
-Sûr que c'est à peine aiguillé comme vocation. Et tu aimais ça ?
-J'en sais rien. J'ai toujours dansé au moins six heures par jour... Je me posais pas trop la question... Je crois que si j'y arrivais, ce ne devait pas être trop affreux...
-Et le chant ?
-Ca, je détestais.
-Pourquoi ?
Hu Jun Ji hésita.
-Pourquoi ? demanda Roe Min Jin.
Hu Jun Ji soupira et répondit à contre-coeur.
-Mon père avait horreur des fausses notes.
-Tout le monde déteste les fausses notes.
-Mon père avait une manière très à lui de me faire comprendre quand il détestait quelque chose.
Roe Min Jin regarda Hu Jun Ji avec horreur :
-Mon dieu, songea t-il. Bon, reprit-il à haute voix, on va reprendre ... Quand as-tu pleuré pour la dernière fois?
Hu Jun Ji leva les yeux au ciel :
-Vous ne me lâcherez pas, hein?
-Je suis tenace. Tout le monde te le dira.
-Okay. Il y a 7 ans.
-7 ans ? Tu n'as jamais pleuré depuis?
-Non.
Roe Min Jin fit un rapide calcul :
-Tu avais 13 ans à l'époque?
-Un truc comme ça.
-C'est l'année où tu as persécuté Pyon Nara ?
Hu Jun Ji rougit malgré lui:
-Elle vous a raconté ça ?
-Pas mal d'autres choses aussi... Je crois qu'elle s'inquiète beaucoup pour toi.
-Ce qui montre bien qu'elle est stupide. Je la torture à mort au collège et elle manque partir en tôle pour moi...
-Je pense qu'elle ne fonctionne pas de manière aussi simple.
-C'est clair : je n'y comprendrai jamais rien.
-Ce qui ne t'empêche pas de tenir à elle...
-C'est ma secrétaire...
-Pour qui tu as manqué te faire enfermer et ruiner ta carrière...
-Je ne voulais pas qu'elle paie à ma place !
-Que tu as cherchée une nuit entière pour la retrouver chez son ami....
-C'est une bonne secrétaire.
-En qui tu as confiance.
Hu Jun Ji réfléchit : Il est vrai qu'à l'heure actuelle, elle était sûrement la personne à laquelle il se fiait le plus.
-Alors va lui dire tout ce que tu ne peux pas me dire et reviens me voir ... Je pense qu'on avancera plus vite.
***
Nara choississait un bibimbap pour le repas de Hu Jun Ji quand une voix joyeuse l'appela :
-Nara ssi !
Tae Ra courait joyeusement vers elle.
-Tae Ra ! Quelle bonne surprise ! Vous venez voir Hu jun Ji ?
-Oui, nous avons rendez-vous pour regarder un film chez lui ! Je voulais vous remercier de m'avoir contactée !
-Vous vous sentez mieux ?
-Oui, ça me fait du bien de pouvoir parler de Kun Hae Sung !
-Tant mieux. Hu Jun Ji m'a dit qu'il se sentait mieux aussi.
-Je peux échanger des souvenirs et Hu Jun Ji est si gentil...
-Euh... Il a ses têtes, je dirais...
-Il faut gratter un peu mais il a un bon fond. Kun Hae Sung était comme ça aussi... Pas étonnant qu'ils aient été amis. Désolée, je suis encore en train de vous parler de lui alors que cela ne vous interesse pas.
-Cela m'intéresse beaucoup.
-Mais pourquoi? Vous ne le connaissiez pas?
-Cela me donne des informations sur Hu Jun Ji.
-Vous en êtes amoureuse ?
-Ca va pas ? Mais je voudrais le cerner sur le plan professionnel et savoir qui il est vraiment pour mieux répondre à ses attentes... Alors parlez-moi un peu de Kun Hae Sung.
-Que dire ? Il était très protecteur envers moi et toujours gentil... Il adorait pêcher ou ramasser des coquillages sur la plage qu'on cuisinait ensuite... Il courait très vite et était toujours impeccable en toutes circonstances... Avec Gyong Ji, on trainait souvent tous les trois mais ça rendait son père fou... Un jour, il m'a jeté par terre d'une gifle. Kun Hae Sung s'est jeté sur moi pour amortir ma chute mais il y avait un morceau de ferraille par terre et il s'est déchiré l'avant-bras. Il y avait du sang partout. Son père était furieux.
Nara pâlit:
-Excusez-moi, je viens de me souvenir d'un rendez-vous urgent.
-Comment ? Foncez ! Ne vous faites pas gronder par ma faute !
***
Hu Jun Ji achevait d'ôter sa perruque quand Nara fit irruption dans sa loge.
-Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?
-Dit quoi ? Et pourquoi tu pleures ?
-Je viens de parler à Tae Ra...
-C'est elle qui t'a mise dans cet état ? Bizarre ... Dans une dispute avec elle, je te donne gagnante à 6 contre 1... Elle est gentille comme tout...
-Tu es Kun Hae Sung.
Hu Jun Ji la regarda, stupéfait :
-Tu dérailles complètement.
-Tout concorde : tu aimes cuisiner...
-Et alors ? Beaucoup de gens adorent cuisiner...
-Ton attitude envers Tae Ra...?
-Elle est adorable.
-Tu te comportes avec elle comme si tu la connaissais depuis toujours...
-Les atomes crochus, ça ne s'explique pas...
-Et ça ?
Elle sortit de sa poche la photo de Kun Hae Sung que lui avait renvoyée le détective.
-Ben quoi? Une photo que j'ai prise avec lui en vacances.
-La cicatrice sur son bras... Je n'avais jamais remarquée car il est dans l'ombre...Regarde bien...
-Ben quoi ?
-Montre-moi la tienne...
Hu Jun Ji recula en se tenant instinctivement la manche.
-Elles sont forcément différentes. C'est quoi, la tienne ? Accident de voiture? De tournage ? Un match de foot qui a mal tourné ? Ou un morceau de ferraille qui dépassait quand tu as essayé de protéger Tae Ra des coups de ton père ? Pas la peine de répondre, ton attitude parle pour toi.
Hu Jun Ji lâcha sa manche et soupira :
-Okay. Dernière option. Tu as gagné. Contente ?
-Non. Pas contente. Pas contente du tout.
-Pourquoi ? Toi qui adore les problèmes... Tu viens d'en résoudre un.
-Tae Ra ne te reconnait pas. Gyong Gi, non plus.
-Le choc... Ils ont dû être frappés d'amnésie...
-Ne plaisante pas avec ça, Pourquoi ils ne te reconnaissent pas ?!
Hu Jun Ji eut un regard triste :
-Tu as la photo entre les mains. Tu as la réponse. Pourquoi veux-tu absolument que je te le dises ?
Nara sentit une chape de plomb lui tomber sur les épaules :
-Ta mère a fait refaire ton visage ?
-Bingo.
-Pourquoi ? Tu étais vachement mignon, avant.
-Merci pour maintenant.
-Ce n'est pas ce que je voulais dire... Tu aurais pû faire carrière tel quel alors je ne comprends pas...
-J'ai vraiment pas envie d'en parler.
-C'est dommage parce que j'ai très envie d'entendre ce que tu as à dire.
-Tu ne vas pas me lâcher?
-Tu me connais bien...
-Je comprends pourquoi tu t"entends aussi bien avec Roe Min Jin...
-Alors?
Hu Jun Ji soupira:
-Si tu le répètes, je te tue.
-Ca marche.
-A 15 ans, j'ai loupé mon entrée à la Jun Fu San... Pour mon père, c'était la fin du monde... On n'a qu'une chance d'y rentrer. Pas deux.
-Et alors?
-Une chance par candidat.
Nara frissonna et répéta :
-Une chance par candidat. Donc, deux chances pour deux candidats.
-Tu es forte en calcul, Mocheté, se moqua Hu Jun Ji.
Nara ne réagit pas, au bord de la nausée.
Hu Jun Ji ne s'arrêtait plus de parler, apparemment soulagé de pouvoir dire ce qu'il avait sur le coeur.
-J'étais excellent en danse mais un peu juste en chant et en acting. Pour 15 ans, c'était limite. Pour 13, c'était exceptionnel. Alors mon père s'est dit que si on falsifiait mon âge et qu'au passage, on pouvait m'arranger un peu pour coller davantage aux critères de beauté en vigueur...
Nara le regardait avec horreur:
-Comment as-tu pu accepter ça? Et ta mère était d'accord ?
-Ma mère devenait folle quand mon père me poussait sur les planches. Alors, il le faisait en cachette d'elle... Il attendait qu'elle parte et on reprenait l'entraînement...Ca a duré jusqu'à mon onzième anniversaire.
-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
-Elle est passé sous un autobus. Ils ont mis un feu rouge à cet endroit, depuis.
L'information mit un temps à arriver au cerveau de Nara:
-Ta mère est morte?
-C'est ce que je viens de dire.
-Mais la présidente...?
-La maîtresse de mon père... Il s'est fait un plaisir de l'épouser dès qu'il l'a pû.
-Mais alors... Pourquoi tu as accepté de faire une chose pareille? Il te suffisait de partir?
Hu Jun Ji ne répondit pas.
-On peut arrêter pour aujourd'hui ?
-Qu'est-ce qui t'est arrivé?
-On en parlera demain...
-Le père de Kun Hae Sung est mort... noyé... Après une dispute... qui est censé t'avoir tué aussi...
Hu Jun Ji était au bord des larmes.
-Arrête s'il te plaît...
-C'est à cause de ça... Il a dû se passer quelque chose...
-Arrête...
-Evidemment... Il a glissé et...
-Je l'ai tué! Tu es contente ?!!!
Hu Jun Ji était en larmes.
-Je ne voulais pas de son super plan. Je ne voulais pas quitter Tae Ra et Hyung Ji. J'avais un an d'avance et je voulais partir au lycée hôtelier avec eux ! Alors, j'ai profité de nos vacances à Jeju, pendant que mon père faisait la fête avec sa pouf et j'ai marché pour prendre le ferry à Busan pour aller m'inscrire au lycée dès le lendemain.
Il faisait nuit noire.Mon père est sorti de boîte. Il était complètement beurré. Il a voulu me ramener de force à la maison. Il n'a jamais été bien costaud : on s'est battu. Il a glissé et il est tombé à l'eau. J'ai plongé pour le récupérer mais il y avait trop de courant et je n'y voyais rien. Après dix minutes, j'ai eu peur de me noyer aussi et je suis remonté. Je suis allé tout raconter à ma belle-mère...
-Et vu ce que tu avais fait, elle t'a persuadé que la moindre des choses était de réaliser le rêve de ton père.
-C'est ça.
-Et comme tu culpabilisais à mort et que tu devais pas avoir les pensées bien claires, elle n'a eu aucun mal à te manipuler...
-C'est-à-dire...
-Et à t'utiliser de la pire des manières pour devenir riche sur ton dos!
Nara était folle de colère à présent:
-Qu'est-ce qu'elle t'a dit encore ? Qu'à cause de toi, elle avait perdu l'amour de sa vie? Que ce qu'on te demandait, ce n'était pas grand chose? Que tu aurais pû y mettre du tien?
-Oui, mais...
-Et toi, tu ne pouvais pas protester ?
Son regard tomba sur Hu Jun Ji, décomposé.
Elle se calma:
-Non, bien sûr. Tu n'avais que quinze ans et on venait de te persuader que tu avais tué ton père...
-je l'ai tué!
-Vous vous êtes battus et tu l'as poussé par inadvertance. Tu as tout fait pour le sauver. On est loin de l'homicide avec préméditation. Par contre, ta belle-mère, elle, a tout gagné dans l'histoire.
-Que veux-tu dire?
-Que je trouve que pour une veuve éplorée, elle surmonte super bien son chagrin. C'est sûr que ce doit être une grande consolation de changer de voiture chaque jour...
-Eh bien...
Nara réalisa soudain:
-Treize ans ? L'année où tu as feint d'avoir treize ans ?
-On peut arrêter là?
-C'était l'année où tu m'as torturée?
-C'est si important?
-Pour moi, ça l'est. C'est la même année?
Hu Jun Ji soupira:
-Mon père est mort en juillet, ma belle-mère m'a fait opérer début août et on est parti dans une autre ville pour que je rentre au collège en septembre.
-Que tu rentres au collège? Alors que tu étais censé rentrer au lycée?
-J'étais premier de ma classe. Quand on m'a dit que le sujet du jour était la reprise de la multiplication à deux chiffres, j'ai pété un câble.
-Et on... s'y habitue ?
-Il faut quelque mois pour arriver à intégrer qu'on ressemble à ce qu'il y a dans le miroir... C'est pas hyper agréable comme période...
-Donc, cette année-là, tu as perdu ton père, ton nom, ton visage, tes amis, ta vie et trois ans d'étude...
-Bon résumé.
-Mais pourquoi tu me détestais autant?
-Je te l'ai dit. Tu étais vraiment pas dans les normes mais quand je voyais ton père te prendre dans ses bras... Les dernières volontés de mon père avaient été de gommer complètement tout ce que j'étais car je n'étais pas assez parfait... Je ne l'ai pas supporté... et il est très facile de devenir populaire en tapant sur les plus faibles.
-Il y a quand même un truc que je ne comprends pas.
-Quoi?
-Ton père est mort noyé?
-Oui.
-Cette année-là?
-Oui.
-C'est pour ça que tu fais une fixette sur les piscines et que tu t'entraines à nager à contre-courant?
-Pas envie de revivre ça. Jamais.
-Mais alors, pourquoi as-tu essayé de me noyer ?
Hu Jun Ji haussa les épaules:
-Sur ta fameuse vidéo, on me voit au-dessus de toi, penché au-dessus de la piscine...
-Oui. Et je me souviens bien de t'avoir vu quand j'ouvrais les yeux...
-Si tu avais pu ne pas tomber dans les pommes, tu m'aurais vu plonger pour te repêcher.
-Quoi?
-J'essayais de te remonter, demeurée. Tu crois vraiment qu'avec ce que j'étais en train de traverser, j'avais envie de me mettre une autre noyade sur les bras?
-Si j'ai bien compris, cette année-là...
-C'était moi qui avait un problème, pas toi.
-C'est des excuses?
-Rêve.
-Tu lui as dit? A Tae ra? Qui tu étais?
-Non.
-Pourquoi? Elle serait si contente?
-Gyong Ji m'a reconnu. je me suis reçu l'uppercut du siècle. Je ne pense pas qu'il me pardonnera un jour. A moins qu'il ne lâche le morceau, je préfère ne rien dire.
-Tu penses qu'elle le prendrait mal?
-Je tiens beaucoup à elle. Alors, peut-être qu'un jour, je le lui dirai, mais je choisirai mon moment...Bon... Cette conversation a du bon...
-Quoi donc?
-Maintenant que tu sais tout, tu vas pouvoir arrêter de fouiner partout dans mes affaires...
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