partie 1 Enfer à domicile

Episode 1 : La proie     Retour sommaire Enfer à domicile

Ici Séoul, chaîne nationale, 14 mars 2022

-Et nous apprenons à l'instant que la superstar Hallyu Hu Jun Ji va faire le plaisir à tous ses anciens camarades de Ju Gu High de venir leur rendre visite samedi prochain. La rencontre sera retransmise sur la W46 et diffusée dans tous les pays d'Asie du Sud-Est...

Hunan Channel: Triomphe pour le jeune acteur Hu Jun Ji qui, à 22 ans, vient de remporter le prix du meilleur acteur masculin pour son dernier Drama : "l'amour du roi Dragon"... Ku Go Ran, expert en cinéma, nous donne son analyse...Ku si, que pensez-vous du succès de ce jeune prodige? Était -il prévisible?

-Franchement, oui... Sa révélation dans "Teen's Shool ", il y a trois ans, son explosion en tant que star Hallyu laissait déjà présager une grande carrière... L'Asie entière ne s'y est pas trompée en plébiscitant le Drama dans lequel il montre déjà toute l'étendue de son talent...

-Et d'où vient ce jeune homme? Est-ce un casting surprise qui l'a révélé?

-Non, sûrement pas. Hu Jun Ji a été recruté à 13 ans par la célèbre école d'Idol "Jun Fu San"...

-A 13 ans? Mais l'âge légal n'est-il pas de 15 ans?

-Il est le plus jeune à y avoir été admis... Un jeune prodige qui maîtrise aussi bien le chant que la danse...

-Et l'acting , bien sûr...

-Et l'acting... Un artiste complet...

Busan Channel : Et nous interrogeons des demoiselles prises au hasard dans la rue...Mademoiselle... Si je vous dis Hu Jun Ji?

-Il est trop beau!!!!

-Il est tellement grand!!!

-Et il a des yeux!!!!

-S'il vous proposait de l'épouser?

-Ouiiiii!!!!

Tokyo, plateau de l'émission Tokyo Morning:

-Hu Jun Ji, bienvenue à Tokyo...

-Merci.

Kimiko Nakamura jeta un regard langoureux au magnifique spécimen qui lui faisait face, nonchalamment installé dans un fauteuil de velours rouge...

-C'est clair, ce siège ne pouvait pas trouver mieux, soupira t-elle en laissant son regard s'attarder sur les traits parfaits de son invité. Pas étonnant qu'il fasse des pubs pour n'importe quoi... Bon... Focus:

Vous êtes ici pour faire la promotion de votre dernier film, "l'amour du roi Dragon"...

-En effet...

-Pourquoi avoir accepté ce projet?

-Ce qui m’intéressait, c'était le concept de cet amour au-delà du temps et des apparences... Ce roi-Dragon qui tombe fou amoureux d'une simple mortelle...

-Un peu votre histoire?

-Pardon?

-Vous êtes beau comme un Dieu.. Pourriez-vous tomber amoureux d'une jeune fille ordinaire?

-Toutes les femmes sont extraordinaires et uniques. Pourquoi ne tomberais-je pas fou amoureux un de ces jours...?

-En attendant, vous cherchez toujours l'amour...

-Je ne désespère pas...

-Votre fille idéale?

-Peu importe du moment que je serai attiré par sa personnalité...

***

Pyon Nara soupira: ce théorème était vraiment trop ardu. Ku Gu Na, indifférente à sa détresse, gardait les yeux rivés sur la télévision:

-Je ne désespère pas...

-Votre fille idéale?

-Peu importe du moment que je serai attirée par sa personnalité...

Les yeux toujours rivés sur ses notes, Pyon Nara secoua la tête, agacée. Son amie détourna le regard de l'écran :

-Qu'est-ce que tu as ?

Nara haussa les épaules.

-Je ne suis pas sensible au charme...

-De Hu Jun Ji ?

-De ce faux jeton.

-Il est plutôt mignon...et il a un joli sourire...

-Les requins mangeurs d'homme ont aussi de très belles dents, bien blanches...

-Maintenant que tu me le dis... C'est vrai qu'il a une dentition très saine...

-Je suis sûre qu'il égorge des gens avec...

-C'est clair, tu ne l'aimes pas...

-Clair. Et j'aimerais qu'on arrête de parler de ce demeuré, j'ai d'autres problèmes à régler...

-Ton prêt?

-La banque doit me répondre ce soir... C'est ma dernière chance....Sinon, je peux dire adieu à ce studio... Et à ma thèse...

-Je suis vraiment désolée... Si seulement je ne vivais pas chez mes parents...

-Ne t'inquiète pas, je vais trouver une solution...J'ai rendez-vous pour un entretien... Cette fois sera la bonne...

-Tu dis ça depuis des mois...

Elle s'interrompit devant l'air décidé de son amie.

-Ce soir, ce sera la bonne...

Séoul, restaurant "la tour Namsan"

Le chef de salle toisa la candidate, qui malgré l'éclairage tamisé de la salle, ne pouvait cacher un visage très quelconque...

-Non, désolé, vous ne faites pas l'affaire...

- J'ai vraiment besoin de ce travail... Je pourrais faire la plonge?

-Non, on a besoin de quelqu'un en salle...

-Mais je peux servir...

-Je suis désolée... Vous n'êtes pas assez jolie... mais on a déjà dû vous le dire...

Nara baissa la tête:

- Ça m'est arrivé, oui...

Collège de Ju Gu High, 7 ans auparavant, gymnase pendant la pause méridienne.

-Hye Sun, collégienne, 13 ans : Eyh! Hu Jun Ji! Tu as vu? Pyon Nara a sorti les grands moyens...! Elle se maquille, maintenant!

-Pyon Nara, 13 ans: Non... C'est de la crème anti-moustique!

-Hu Jun Jin : Ne la taquine pas, Hye Sun, elle peut pas être assez cruche pour penser que se maquiller va changer quelque chose! Quand on a la tête qu'elle a, on n'a qu'à la fourrer dans un sac !

-Un sac poubelle...!

-Hu Jun Ji : Ouais... Bien opaque et bien fermé! Eh! Où tu vas comme ça?

Et ils l'avaient poursuivie... Partout... Sans relâche... Pendant des mois... Jusqu'à ce que sa majesté le prince de l'école, se fasse remarquer par son école d'idoles... Loué soit son nom...

Séoul, restaurant "la tour Namsan"

Nara sentit son cœur se serrer... C'était sa dernière chance...

-Vous ne me verrez pas;.. Je resterai en cuisine...

-Je suis désolé... N'insistez pas...

C'était fini... La dernière annonce...Il ne restait plus que le prêt...

Une sonnerie. Un regard sur son smartphone . Le dernier espoir venait de s'envoler.

Elle avait 20 ans et juste de quoi se payer une bouteille de soju... Oublier quelques heures, ce serait toujours ça de gagné. Au point où elle en était... Elle leva la main pour commander...

A quelques mètres de là, au bar:

-Hé, Hu Hara! Tu peux me remplacer?

-Ça va pas? La 211, c'est ma table!

-Ça va, tu peux partager avec les copines!

-Tu peux rêver! Hu Jun Ji est à MA table, ce soir ! Je ne partage pas! De toute manière, tu vas m'échanger contre quoi? La mocheté beurrée de la 317 ?

-Et si je fais la vaisselle pendant une semaine?

-Six mois. Et c'est mon dernier mot...

La salle était aux trois quarts plongée dans le noir. Les clients étaient parties pour la plus grande part.

Hu Jun Ji, éclata de rire et donna une grande tape sur l'épaule de son meilleur ami; Kim Gun. :

- Je suis le meilleur!

-Et le plus modeste!

-Allez!Tu es jaloux parce que je suis plus riche et plus connu que toi...

-Un coup de chance!

-Tu ne m'arrives pas à la cheville, tu dois t'y faire !

-Alors, tu vas acheter quoi avec le cachet de ton drama?

-J'hésite entre un yacht et un jet...

Pyon, écroulée sur sa table, trois mètres plus loin, poussa un grognement.

Kim Gun ricana: T'as vu, la pochetronne, là-bas? Aucune tenue..

Hu Jun Ji jeta un coup d’œil rapide:

-La dernière fois que j'ai vu une fille aussi mal fichue, c'était au collège...

-Aussi moche que ça?

-Ouais... J'ai pas trouvé plus moche... Elle s'appelait Pyon Nara... J'ai bien retenu son nom... C'était pas tous les jours qu'on croisait une horreur pareille!

Nara ouvrit les yeux et une vague de rancune la submergea:

Hu Jun Ji la regardait, hilare, depuis le fond de la salle. Hu Jun Ji, la preuve vivante que le mérite ne servait à rien. Les valeurs, non plus... Un joli minois, et son avenir était assuré... Le monde entier était de son côté... Ce soir, il rentrerait dans son somptueux appartement ou sa sublime villa, acheté grâce à un sourire fadasse devant une caméra. C'était injuste! Il l'avait torturée pendant des mois mais il ne paierait pas. Il ne faisait rien de sa vie mais il était richissime... Tout cet argent gaspillé pour les caprices de cette teigne... A moins que...

Le hasard, cela n'existait pas. C'était le destin. Ce soir, il allait enfin payer ce qu'il lui devait...

A sa table, Hu Jun Ji se leva:

-Bon... On va y aller... Je vais faire un tour aux toilettes...

Nara, les tempes bourdonnantes de soju, se leva à son tour et le suivit discrètement .

La pièce était sombre. La tête lourde, Hu Jun Ji prit place non loin d'un grand miroir. Un bruit le fit sursauter. Bon sang, il devait être bien beurré pour ne pas avoir pensé à allumer la lumière. L'autre client ne devait pas être frais non plus.

Il appuya sur le commutateur et la pièce s'illumina.

Hu Jun Gi sursauta:

-Pyon Nara ?

-Je viens prendre ma revanche!

Hu Jun Ji secoua la tête:

-Dans les toilettes pour hommes?

Son interlocutrice secoua la tête autant pour chasser l'objection que les vapeurs d'alcools qui embrumaient son jugement:

-Il y a personne... Alors, votre grandeur, qu'est-ce que tu as à me dire, ce soir?

-Tu n'as pas changé... Toujours aussi moche... et beurrée, en plus... Tu peux me rendre un peu d'intimité...?

-Nan... Ce soir, je prends ma revanche.

-Tu te répètes, la mocheté...

-Ça fait quoi ?

-D'être célèbre?

-De pouvoir lâcher des méchancetés sans retenue. C'est chouette, hein? .

-Je ne vois pas de quoi tu parles...

-Si quelqu'un se rendait compte que le beau prince de la télé n'est qu'un abruti méchant et agressif...

-Je vois pas où serait le problème...

-Parmi tes fans, combien ne seraient pas déçus en se rendant compte que leur idole n'était qu'un harceleur au collège ?

-C'est toi qui va leur dire? Pourquoi te croiraient-ils...?

-Parce que j'avais déjà un smart au collège.

Le silence s'installa et Nara se laissa aller à une micro- sieste.

La voix de son ennemi de toujours la fit sursauter, la réveillant en sursaut:

-Tu veux quoi?

Nara mit quelques secondes à retrouver ce qu'elle voulait dire avant son assoupissement...Ça y était...La phrase magique... Enfin, on allait pouvoir ouvrir les négociations...

-Je veux vivre chez toi !

Hu Jun Ji lâcha un ricanement incrédule :

-Ça va pas?

-Je reste chez toi pour six mois, le temps de passer ma thèse et dans six mois, bye...

-Ça va pas?

-Tu te répètes. Tu m'héberges et je ne publie pas tous les enregistrements audio et vidéo de mon smart...

-Il me suffirait de te le prendre de force et de le vider..

-Tu penses pas que je l'ai transféré sur le cloud depuis le temps?

-Et si je te forçais à tout effacer sur le cloud?

-Tu penses que je n'ai qu'un site de stockage?

-Tu bluffes...

-La fin de ta carrière contre un sofa dans ton salon... Tu prends le risque? Moi, j'ai plus rien à perdre...

-Et tu me rendras tous tes enregistrements... ?

-Evidemment...

-Pourquoi je te croirais ?

-Parce que je ne les publierai pas si j'ai plus à gagner à les cacher...

Hu Jun Ji réfléchit:

-Ces vidéos peuvent me détruire et rapporter plusieurs milliards de wons au site qui mettra la main dessus... mais toi, tu n'en tireras pas plus de... Vu ma côte actuelle... 10000 wons par vidéo...Tu en as combien?

-Pourquoi je te le dirais?

-Je dois savoir ce que tu as pour pouvoir le chiffrer... Ce sont les bases de la négociation... Tu es hideuse mais tu as un cerveau, non ?

-Meilleur que le tien!

-A voir ta tête ce soir, on n'en jurerait pas...

-56.

-56? !!!!

-Tu ne pensais pas m'avoir harcelée à ce point?

-Non, mais je me demande comment ton smart premier prix a pu avoir une capacité de stockage pareille... Elles sont en SD ?

-Je vois pas l'importance...

-Si on ne voit rien, j'ai rien à craindre.

-HD.

-Je veux voir la marchandise.

-Tu veux voir 8 heures de harcèlement maintenant?

-Une minute. Montre.

Nara soupira: elle n'avait aucune envie de revivre ça. Mais s'il voulait vérifier, c'était logique.

Elle lança la vidéo la plus compromettante pour elle: le jour où il avait essayé de la noyer dans la piscine.

-Tentative de meurtre. Je crois même qu'elle est passible de prison, celle-là.

-Tu veux rire? C'était une taquinerie! Personne ne m’inquiéterait pour ça!

-Alors ça te dérange pas que je la poste sur le net?

Hu Jun Ji se rembrunit:

-Non.

Il réfléchit un instant:

-Okay. Tu reviens avec moi. "

Gun tourna machinalement à l’intersection sans prêter la moindre attention à la route, heureusement déserte à cette heure tardive et jeta un regard rapide et incrédule à son ami:

-Tu vas vraiment ramener cette horreur chez toi?

-Oui.

-Tu as trop bu ou quoi?

-Non.

-Mais pourquoi?

-Parce que je suis amoureux.

Gun eut un hoquet de stupeur et éclata de rire:

-Trop drôle! C'est quoi la vraie raison?

-Ta réaction.

-Quoi?

-Elle et moi, c'est impensable, non?

-Ouais...

-Alors si elle me suit partout en tant que secrétaire, combien il y a t-il de chances pour qu'on me prête une liaison avec elle?

-Euh... Zéro?

-Et sa silhouette est fine et bien proportionnée...

-Il y a beaucoup de filles qui ont une telle silhouette sans avoir une tête pareille...

-Exactement.

-Euh... Je ne te suis pas, là...

-Si on est habitué à me voir avec cette mocheté et qu'on m'aperçoit de loin avec une fille aussi mal fagotée...

-On pensera que c'est elle et tu auras une paix royale...pour rencontrer Jia Hara sans éveiller les soupçons... Bon sang! C'est génial!

-Je sais... Franchement, acheter ma tranquillité pour le prix d'un sofa, j'appelle ça une excellente affaire!

Episode 2 : La guerre

Nara ouvrit les yeux et resta confondue : où était-elle donc?

Le soleil était levé:

-Bon sang! J'ai un mal de tête! C'est juré, je ne boirai plus de soju...

Cette pensée le ramena sur Terre :

-En même temps, j'ai réussi à ne pas penser à mes dettes pendant presque... mais je suis où au juste?

Elle jeta un coup d’œil circulaire:

-La vache!

Elle était allongée dans un sofa qui, de toute évidence, avait dû coûter plus cher que son studio.

-Vu que mon studio rentre vingt fois dans ce salon, cela semble normal...

Elle avisa la table basse de verre devant elle.

-Jolie... Et pourquoi il y a des boutons sur le côté ? On peut ouvrir les stores ?

Elle pressa l'interrupteur. La table s’enfonça dans le sol ainsi que le sol carrelé tout autour libérant une immense cavité qui commença à se remplir d'eau.

-Une piscine dans un salon? Qui peut se payer un truc pareil ?

La mémoire lui revint tout-à-coup:

-Hu Jun Ji ! Bon sang ! C'était pas un rêve !

Elle se leva, chancelante:

-Bon... Récapitulons... Hier, j'ai abordé cet abruti et je lui ai fait du chantage... Mais qu'est-ce qui m'a pris? Je ne suis pas tombée si bas tout de même? Rentrons vite à la maison...

Elle s'interrompit.

-Non. Plus de maison. Ici, c'est franchement pas mal...

Une impression de malaise l'envahit immédiatement:

-Que dirait Oppa s'il te voyait faire chanter un homme?

-Sois honnête, s'il l'avait vu te harceler, il n'y aurait plus personne à faire chanter...

-Pas faux...

-Il t'a torturée pendant 8 mois... C'est normal qu'il paie aujourd'hui...

-Pas faux...

-Et entre te supporter et te prêter un sofa et te torturer comme il l'a fait...

-C'est vrai mais...ce n'est pas moral.

-Ce monstre t'a torturée pendant des mois! C'est moral, ça?

-Je ne vais pas m'abaisser à son niveau!

-Il n'a qu'à payer pour ce qu'il t ' a fait!

-Appa n'aimerait pas! C'est non! Je m'en vais!

-Où ça? Il n'y a pas le feu au lac...? Il pleut des cordes... Reste au moins un peu ici, ce sera la moindre des choses! Et s'il y a un truc dans le frigo, ce ne sera pas cher payé... Et après, tu l'oublieras, lui et son appart' ridicule... Bon... Faisons le tour du propriétaire.... Encore une piscine dans la salle à manger! C'est un homme ou une sirène? C'était donc bien un requin en fin de compte... Maintenant, il faut espérer que la question qui va se poser ne sera pas dans quelle pièce il va te noyer... Pas de panique... S'il avait voulu te supprimer, il l'aurait fait cette nuit, non?

-Que faites-vous ici?

Un homme à l'allure revêche entre deux âges et vêtu d'un uniforme venait de rentrer:

-Je suis une invitée de Hu ssi.

L'homme la toisa:

-Vous ne ressemblez pas aux invitées de Hu ssi...

-Ça ne m'étonne pas. Il lui est interdit de diversifier ses fréquentations?

-Je ne vois pas pourquoi monsieur vous fréquenterait...

-A cause... de mon intellect?

L'air incrédule de son interlocuteur la fit sourire:

-Mouif... Laissez tomber. Hussi a une bonne raison de m'inviter...

-Laquelle?

-...

- Aucune? Alors je vais demander à la police de vous faire sortir.

Nara regarda les éclairs zébrer le ciel. Il faisait un froid de canard. Juste une heure ou deux, ce serait toujours ça de gagné...

-Je suis ... sa cousine?

L'homme fit mine de sortir pour appeler de l'aide.

-Sa voisine...Attendez !

L'homme atteignait le vestibule.

-Je l'ai fait chanter pour rester ici!

Elle se mordit les lèvres; Elle avait parlé sans réfléchir. Maintenant, c'était la prison assurée.

-Bon... Au moins, je serai au chaud en prison.

Le serviteur fit volte-face.

-Je vois. Et je suppose que s'il vous garde ici...

-Je sais des choses qu'il préfère cacher....

-Et vous avez décidé de rester là pour occuper son sofa?

Une colère sourde s'empara de Nara:

-J'aurais vraiment aimé lui faire payer au passage ce qu'il me doit.

L'homme sourit:

-Je m'appelle Hatori. Si je peux vous aider dans votre tâche de quelque manière que ce soit, vous n'aurez qu'à sonner...

Il s'inclina avec un sourire ironique et s'éclipsa.

Nara calma les battements de son cœur affolé:

-Bon...Ça ne s'annonce pas si mal... J'ai gagné plusieurs heures, je crois....Voyons.... Une terrasse... ou un stade de football ? Encore une piscine? En haut d'un immeuble? Et une piste d'hélicoptère? Ce type est vraiment timbré, ma parole!

Nara continua à se promener dans l'appartement en poursuivant ses remarques:

-Pompeux, tape-à-l’œil et sans personnalité... C'est tout lui...Voyons... Une bibliothèque... avec des livres sous plastique et le prix dessus... Wahoo... Pas la peine de se demander pourquoi il les a achetés... C'est un investissement... Une penderie... Une autre penderie... Une autre... penderie?

Hatori venait de rentrer afin de vérifier la bonne tenue d'une brassée d'orchidée sur un guéridon:

-Hatori ? C'est un appartement ou un dressing ?

L'homme sourit:

-Le jeune maître adore les beaux vêtements...

-Et les piscines.

Le sourire s'accentua:

-Je crois que vous l'avez bien cerné.

-Vous ne l'aimez pas, n'est-ce pas?

Le sourire de l'homme se figea.

-Monsieur n'est pas toujours d'humeur facile.

-Il a déjà essayé de vous noyer dans la piscine?

Une lueur d'étonnement passa dans le regard d'Hatori:

-Je vous demande pardon?

-Vous êtes donc très veinard. Vous auriez quelque chose à manger?

-Je crains que non. Monsieur mange dehors. Dans le frigo, il doit rester deux pommes si vous voulez!

-Et comment! Je meurs de faim!

L'homme sourit:

-Je vous les emmène.

La nuit tombait. En une journée, Nara avait découvert qu'avec de l'argent, on pouvait construire des piscines n'importe où, posséder plein de livres que l'on ne devait surtout pas lire, que l'on pouvait vivre dans un dressing et mourir de faim devant un écran géant ne passant que des dramas à la mode.

-C'est bien ce que je pensais... Il est fascinant...

Il faisait nuit noire. Le bon côté: il avait l'air de ne pas passer beaucoup de temps dans son appartement... Mais il allait rentrer et elle allait devoir partir... Et la pluie tombait toujours...

Des murmures et des chuchotements attirèrent son attention. La porte s'ouvrit et Hu Jun Ji apparut, hilare, tenant une ravissante jeune fille dans ses bras.

Nara soupira: c'était fini. Il avait beau être le dernier des pauvres types sur cette planète, elle ne s'abaisserait pas à lui extorquer un toit. Elle valait mieux que ça. Elle se leva.

La fille sursauta :

-C'est qui, elle?

Hu Jun Ji haussa les épaules:

-Une fille que j'héberge et qui va me servir de secrétaire.

-Tu l'as choisie à cause de son merveilleux visage ? railla la demoiselle.

-Exactement. Pour ne pas te rendre jalouse.

-C'est clair, ça ne risque pas...On va dans ta chambre?

Nara les regarda partir, partagée entre l'humiliation et l'espoir de ne pas se retrouver sous une pluie battante:

-Bon... Il ne t'a pas mis dehors...Cela peut te permettre d'attendre que la pluie cesse...

-Bon sang! Tu ne vas pas laisser ce sale type t'humilier encore! Tu te lèves, tu vas vendre ces vidéos et tu te trouves un hôtel!

-Il fait un froid de canard! Ça coûte quoi de rester un peu sur ce sofa? Il te doit bien ça?

Nara se rassit, écroulée de fatigue. Elle allait rester juste un peu... et partir juste après... Dans un tout petit moment....

La sensation d'être observée lui fit ouvrir les yeux. Il était quatre heures du matin.

-Zut, je me suis endormie...

Hu Jun Ji la toisait froidement:

Nara reprit courage et osa un sourire narquois:

-Ta conquête est déjà partie? Elle est matinale ou elle a découvert que tu étais un abruti ?

-Rien à voir. Ma journée commence.

-A 4 heures du mat' ? Tu vas faire des massages ? Du shopping en vente privée ?

-Ne parle à personne pendant mon absence.

Une lueur d'inquiétude perçait sous ces quelques mots. Nara en frémit d'aise. Pour une fois, le bourreau n'était pas à la fête :

-Pourquoi ça?

-Tu l'as dit toi-même : tu as plus à gagner à ne rien dire.

-Je gagne quoi, au juste?

-Le droit de rester ici.

-Et un poste de secrétaire?

-Aussi.

-Pourquoi ce poste? Tu me détestes et tu veux m'offrir du travail?

-Tu t'affiches avec moi, tu prêtes tes tenues à mes copines et on pensera que c'est de toi dont il s'agit.

-Tu y gagnes quoi?

-On ne soupçonnera plus que j'ai une relation .

-Tu es en train de me dire que ...

-M'afficher avec une moche me donnera une paix royale que je paierai à prix d'or. On a tous à y gagner.

L'indignation submergea Nara qui se leva brusquement:

-Tu es vraiment infect. Tu crois que je vais accepter un truc pareil? Je vais de ce pas vendre les vidéos et...

-Tuer la poule aux œufs d'or? Tu crois que tu vas en tirer combien de ton buzz? C'est un one-shot. Une vidéo suffira à briser ma carrière. Les 55 autres, tu pourras les garder en souvenir pour les froides soirées d'hiver... A condition de pouvoir les diffuser sous un pont... Une seule vidéo... de quoi te payer... Un mois de nuits d'hôtel? Si je tombe, tu tombes aussi car je t'attaquerai en diffamation...Si tu restes, je t'offre un poste stable, de quoi travailler ta thèse en toute tranquillité...

-Et m'humilier encore au passage?

-Pour 250000 wons par semaine, je peux me payer ce luxe.

-Tu ne peux rien te payer du tout! Je préfère encore la rue!

-Okay.. Je penserai à toi, mourant de froid pendant que je siroterai du champagne au bord de ma piscine...

-Pourquoi tu veux à tout prix me garder?

-Je te l'ai dit: Tu es un danger raisonnable mais à contenir et j'ai besoin d'une distraction pour la presse. Tu es la seule à être assez moche pour pouvoir faire diversion... Ça fait d'une pierre deux coups.

-Et c'est encore toi qui gagne?

-Je gagne toujours.

-Pas cette fois, je m'en vais.

-Tu vas passer une thèse en quoi? En stupidité?

-Je ne vais plus te laisser me malmener...

-Si tu es venue ici, c'était bien pour me soutirer un max de fric, non?

-J'ai changé d'idée. Je préfère vendre mes vidéos.

-J'avais bien raison de te taquiner...

-me taquiner?

-Tu étais moche et d'une lâcheté affligeante... Ça ne s'est pas arrangé! Tu vas rester ici et me servir de couverture parce que tu n'as aucun autre choix...Refuse par orgueil, démolis ma carrière et c'est toi qui paiera...

Une lueur de haine s'alluma dans le regard de la jeune fille. Dehors, la tempête faisait rage:

-Tu sais quoi? Tu as raison! Je vais rester ici et te servir de prétexte... et tu ne pourras pas me mettre dehors car, quoi qu'il m'en coûte, à la seconde où tu auras fermé la porte, je balancerai mes vidéos sur tous les réseaux sociaux de la planète... Je vais rester ici et te faire regretter à chaque minute de ne pas avoir sauté la case lycée. Prépare-toi à la guerre."

Elle attrapa un téléphone qui traînait sur la table basse et le jeta dans la piscine.

Hu Jun Ji sursauta et une expression de panique altéra la perfection de ses traits.

Nara sourit:

-Ohhh? Tu n'étais pas encore prêt? Alors, je donne le départ officiel: ça commence maintenant...

Épisode 3 : Premier jour


 

-Hatori, monsieur rentre tard, aujourd'hui?

-Comme tous les jours, mademoiselle...vers 2 heures du matin...

-Mais il ne part pas à quatre heures?

-Monsieur dort peu...

-Pas du tout, même... Je ne m'étais pas planté : c'est un vampire...

Hatori sourit:

-Ce n'est pas impossible.

Nara regarda autour d'elle : une belle table bien illuminée, un endroit parfait où réviser sa thèse...

Et après, que faire pour animer un peu la vie de son hôte?

Son regard tomba sur un tiroir entrouvert... Ça pouvait être marrant...

Hu Jun Ji prenait la pose pour la trentième fois lorsque son téléphone sonna.

Le photographe retint un soupir d'exaspération:

-On vous avait dit : pas de téléphone!

-Désolé.

Il l'éteignit à la hâte. Une autre sonnerie se fit entendre.

-Désolé... J'en ai toujours deux...

Il se leva et attrapa à la hâte le combiné dans son manteau.

Le photographe leva les yeux au ciel:

-Au point où vous en êtes, allez prendre votre appel!

Hu Jun Ji s'exécuta et prit la communication dans le couloir, gêné:

-Hu Jun Ji, à l'appareil?

-Pyon Nara. Je voulais juste t'informer que je viens d'organiser un vide-grenier de toutes tes affaires en bas de chez toi! Ça a un succès fou, tes fans adorent!

Hu Jun Ji sentit son cœur se glacer:

-C'est pas vrai?

-Bien sûr que oui! Bon, j'y retourne!

Hu Jun Ji regarda stupidement le combiné qui sonnait désormais libre.

Nara s'allongea sur le sofa avec délice et décrocha son téléphone:

-Gu Na? Tu ne devineras jamais où je suis...

-A Disneyland Tokyo?

-Mieux que ça! Chez Hu Jun Ji.

-Quoi? Tu es folle?

-Non, là, je crois que c'est moi qui tient les cartes... Je viens de vendre toutes ses affaires sur le trottoir...

-Ça ne va pas? S'il t'attaque en justice?

-Je l'attaque pour harcèlement?

-Ah ouais... Et tu vas le faire payer?

-Au centuple....

Hu Jun Ji ouvrit la porte non sans une certaine appréhension.

Nara l'attendait:

-Tiens? Pas de petite amie, ce soir? Elle a découvert que tu étais un moins que rien?

Hu Jun Ji jeta un coup d’œil horrifié à son appartement:

-Qu'est-ce que tu as fait?!!!

-J'ai gagné 15000 dollars grâce à la vente de tes affaires alors j'ai acheté de la peinture pour refaire ton intérieur... Tu aimes? Le rose tendre est super à la mode ces temps-ci... Il parait que la princesse japonaise Kimiko a utilisé la même pour la chambre de sa fille...

Hu Jun Ji se reprit:

-Et tu crois que ça va me démolir? Tu n'as aucun goût mais quand on voit ta dégaine, on le voit tout de suite !

Nara haussa les épaules: C'est tout ce que tu as en magasin... ? Pas terrible...

Dire que ça lui avait pourri la vie pendant des mois... Finalement, ce ne serait pas si difficile de faire une enfer de la sienne...

Elle reprit, ironique:

-Au fait, j'espère que ça ne te dérange pas, j'ai un peu joué avec ton carnet de codes bancaires aujourd'hui: tu as vendu tes actions HDU à la bourse ... Désolée, je ne suis pas douée, tu as perdu 250000 wons... et l'hôpital de Séoul te remercie pour ta générosité...

Hu Jun Ji haussa les épaules:

-C'est tout ce que tu as trouvé? Tu devrais un peu lever le pied: si je suis ruiné, tu es à la rue. Refais tes calculs. Et va te coucher tôt: demain, tu m'accompagnes. Il faut que les journalistes prennent l'habitude de te voir.

***

Chapitre 4 : Gang de requins

Busan, hôtel de Namsan, Convention Dramas HBN, 21h

Assis devant une table de contreplaquée juchée sur une estrade, Hu Jun Ji affichait un grand sourire angélique en signant des autographes aux innombrables fans énamourées qui se pressaient autour de lui.

Debout derrière lui, Nara essayait de ne pas avoir l'air trop écœurée:

-Comment elles font pour craquer sur lui? Autant fantasmer sur un serpent!

Elle se concentra :

-Si je ne le connaissais pas? Supposons... Je ne le connais pas et je n'ai qu'à le juger sur ce que je vois... Pas la peine, impossible.

Une demoiselle trop empressée manqua tomber en avant sur la table.

Aussitôt, le jeune acteur la rattrapa adroitement, plongeant son regard dans le sien.

La jeune fille en fut toute tourneboulée...

-Oh!!! Vous avez des yeux...!

Nara leva les siens au ciel:

-Et il en a deux... Vous parlez d'une aubaine!

-Je n'ai jamais vu un regard aussi perçant...

-Avec trois tubes de mascara sur chaque paire de cils, sûr qu'ils pourrait éventrer un coffre-fort...

Hu Jun Ji baissa modestement le regard:

-Merci pour le compliment...Vous vous appelez?

-Hu Tia...

Il signa lentement sa cartelle :

-Pour mon amie Hu Tia...

-Votre amie...? Oh....

Nara se sentait proche de la nausée:

-Un vrai prince charmant...Ce que ça peut être long...! CA fait onze heures qu'on est là et que l'autre nous la joue bellâtre... J'avais signé pour vivre chez lui, pas pour l'accompagner partout comme un toutou!

La nuit tombait.

-Nous espérons que vous avez passé une bonne journée en notre compagnie et nous allons prendre congé de nos artistes qui seront heureux de vous retrouver dès demain matin.

Hu Jun Ji se leva et manqua défaillir. Une habilleuse toute proche le soutint et il lui décocha un sourire charmeur:

-Merci...

La femme rougit violemment:

-Avec plaisir...

Nara haussa les épaules:

-Quel cinéma... Prêt à tout pour draguer...

La femme s'éloigna. Aussitôt, le sourire de l'idole s'effaça et il se tourna vers Nara, le visage fermé.

-Bon, tu es prête?

-A quoi?

-Attrape ton manteau. Les journalistes doivent te voir avec.

-C'est bizarre, il y a un truc que je ne comprends pas.

-Ce qui est bizarre, c'est qu'il n'y en ait qu'un.

-Pourquoi tu me traînes avec toi alors que je porte en permanence sur moi de quoi briser ta carrière et que je te déteste ?

Hu Jun Ji afficha un rictus narquois.

-Tu n'as nulle part où aller.

-Qui est-ce qui t'a dit ça?

-Tu me l'as dit toi-même en pleurant comme une fontaine, il y a deux jours. Tu es à la rue, orpheline. Tes amies vivent chez leur parents ou ne peuvent pas t'héberger... Tu pourrais tenter de passer ta thèse par correspondance pour t'assurer un job, même loin de Séoul, mais tu n'aurais plus le temps de réviser. Pas de thèse, pas de travail. Et je confirme, avec la tête que tu as, personne ne voudra t'embaucher à moins d'un dossier exceptionnel. Donc, tu n'as aucun intérêt que je sombre car si c'est le cas, tu devras dire adieu à ta planque . Conclusion: Tu peux avoir décidé de te venger pour me pourrir la vie, ce que tu ne manqueras pas de faire à la moindre occasion, mais tu feras tout pour préserver mon image publique car elle assure ta survie ces six prochains mois: je suis coincé avec tes vidéos, tu es coincé avec mon argent. Donc, je n'ai rien à craindre de toi. Alors, tu vas m'accompagner à mon dîner avec des amis et tu vas être charmante... Enfin, autant que tu puisses l'être avec une tête pareille...

-Tu sais ce qui me fait très plaisir?

-Quoi?

-Tu as un niveau d'éducation médiocre, aucune imagination et après deux jours , tu es déjà à court de synonymes. Dans trois, tu n'auras plus rien à dire et, pour être honnête, ça fait un moment que tes moqueries sur mon physique font chou blanc. Alors, je pense que c'est moi qui vais bien rire ces six prochains mois...

Hu Jun Ji sourit:

-T'en fais pas pour moi... C'est toi qui va passer un sale quart d'heure... Mes amis ne manquent pas d'imagination...

Le restaurant était plongé dans la pénombre, très intimiste.

Hu Jun Ji se dirigea vers une table où l'attendaient Kim Gun et une très jolie jeune femme.

Nara la reconnut tout-de-suite:

-Jia Hara...

Elle s'assit en silence près de Hu Jun Ji.

Jia Hara la toisa avec ironie:

-Encore cette horreur?

Hu Jun Ji attrapa un verre qu'il entreprit de vider avec désinvolture.

-Je t'ai dit que ce serait ma secrétaire.

Kim Gun sourit:

-Sûr qu'elle n'éveillera pas les soupçons...

Nara lisait la carte avec intérêt. Ne pas faire de vagues en extérieur... C'était dans ses cordes... Se faire insulter pour sa laideur n'était pas une nouveauté et d'habitude, on ne la dédommageait pas de 25000 yens par semaine.

Elle allait laisser parler ces trois imbéciles et se rattraper pour lui pourrir à la maison...Cela ne devrait pas être trop difficile. Quoique... Pourquoi attendre ?

Le serveur arriva:

-Vous désirez?

Nara leva les yeux vers l'homme qui attendait poliment.

-Je commence? Je vais prendre le plateau royal de l'océan ...

-Mais mademoiselle, il est pour 4 personnes...

-J'ai toujours eu beaucoup d'appétit...et un délice impérial...une fondue chinoise... Un bibimbap... Trois saveurs de Séoul...

Jia Hara sourit:

-Elle ne ressemble à rien mais elle a beaucoup d'appétit, on dirait...

Hu Jin Ji se pencha vers elle, furieux:

-Tu joues à quoi? lâcha t-il entre ses dents.

-J'ai faim. Tu m'as dit de me tenir à carreaux, je serai hyper sage, la bouche pleine... Ajoutez-moi du caviar et du suprême de boeuf de Kobé...

Jia Hara haussa un sourcil:

-Mais c'est qu'elle s'y croit , la mocheté... Hu Jun Ji, tu devrais lui dire de se calmer...

Nara s'interrompit, faussement gênée:

-Vous pensez que mon repas risque de peser trop lourd sur ses finances? Je ne voudrais surtout pas le mettre dans les difficultés financières...

Hu Jun Ji sursauta, piqué au vif et croisa le regard soudain troublé de Jia Hara:

-Moi ? Dans les difficultés pour un repas? Je rachète ce restaurant quand je veux ! Et la rue qui va avec !

Nara eut un petit haussement d'épaules:

-Tant mieux... Pour le plat principal, je vais prendre du saumon et des nids d'hirondelle...

Kim Gun retint un sourire:

-Hideuse mais marrante, cette fille... Elle ne perd pas le nord...

Le serveur se tourna vers Jia Hara:

-Madame prendra...?

-Une salade verte et de l'eau minérale.

-Ce sera tout?

-Oui.

Hu Jun Ji leva les yeux vers le serveur:

-Même chose pour moi.

Kim Gun hocha la tête:

-Idem.

Jia Hara croisa le regard amusé de Nara .

-Qu'est-ce qu'il y a de drôle?

-Rien...! Rien...!

-Dis-le, espèce de mocheté! Tu oses te moquer de moi?

-Je me disais juste... Qu'avec toute cette salade... j'avais l'impression de dîner avec des tortues Ninjas, ce soir...

Jia Hara se tourna vers Hu Jun Ji:

-Tu nous imposes cette horreur à table? Et tu ne dis rien? Elle va me couper l'appétit...!

Hu Jun Ji eut un rictus narquois:

-Laisse tomber. Elle essaie de se rendre intéressante pour oublier qu'elle sert juste de couverture ce soir...

Jia Hara se détendit:

-C'est vrai... Sa laideur a du bon... et elle peut se moquer de moi, ce soir, c'est elle qui ira se cacher dans un trou pendant que je danserai toute la nuit...

Hu Jun Ji sourit:

-Exactement. Au collège, c'était déjà la même histoire: elle coupait l'appétit de tout le monde au réfectoire...

-Tu la connaissais, au collège?

Pour une raison qu'elle ne s'expliqua pas, Nara vit Hu Jun Ji pâlir violemment sous son fond de teint.

-Oui, et elle était déjà horrible, acheva t-il à la hâte.

Jia Hara prit un air faussement compatissant:

-Je suppose que si le problème est si ancien, c'est qu'il lui était impossible de payer un chirurgien pour essayer d'amoindrir un peu les dégâts... Cotisons-nous pour lui offrir un nouveau visage... (elle battit des mains, comme une enfant ravie de son idée). Oui! Moi, je veux bien m'occuper de ce nez trop long...!

Kim Gun rentra dans le jeu :

-Moi, je m'occupe des oreilles...

Hu Jin Ji sourit:

-Il y a un tel chantier... Je ne saurais pas par où commencer...

Jia Hara se tourna vers Nara qui ne disait toujours rien:

-Mais c'est à elle de décider... Alors? Par quoi commence t-on?

Nara baissait timidement les yeux.

-A vrai dire, je ne sais pas... Vous avez raison, il y a tant à faire... et j'ai peur de me tromper...

Hu Jun Ji vit soudain qu'elle gardait les yeux baissés sur une serviette en papier sur laquelle elle venait de griffonner un tableau à trois colonnes.

-Je crois que j'ai besoin de conseils, continuait humblement la jeune fille.

Elle tendit le tableau et le stylo à Jia Hara:

-Afin d'être sûre de na pas faire d'erreur, pourriez-vous m'indiquer le nom de votre chirurgien et le numéro de la page de votre nez dans le catalogue?

Jia Hara rougit violemment:

-Qu'est-ce que tu insinues, espèce de sale horreur ?

Kim Gun sourit largement:

-que tu as refait ton nez, je suppose... et d'autres choses car il y a beaucoup de lignes dans ce tableau.

-Je n'ai rien refait! s'irrita Jia Hara.

-Bien sûr que non, affirma Hu Jun Ji, tu es parfaite...

-Ne vous fâchez pas! lâcha Nara. Je ne parlais que de votre nez, le reste est sûrement très naturel...

Kim Gun fronça les sourcils:

-Pourquoi tant de lignes, alors?

-Je voulais vous poser la question pour vos oreilles et à Hu Jun Ji pour ses paumettes...

Les trois acteurs se raidirent.

Hu Jin Ji se révolta:

-Hé, l'horreur! Ne me mêle pas à ça! J'ai jamais rien fait, moi!

Kim Gun sursauta:

-A quoi il ne faut pas te mêler? Parce que tu crois que moi, j'en ai fait?

Nara jeta un regard suppliant à Hu Jin Ji:

-Je suis désolée. J'ignorais que c'était un secret... C'est juste que je me rappelle bien que tes paumettes étaient pas comme ça , à 13 ans... C'était si réussi que je ne pensais pas que c'était un secret...

Jia Hara jeta un regard suspicieux à Hu Jun Ji:

-Tu as refait les paumettes?

-Bien sûr que non!

Nara sourit d'un air contrit:

-Je suis désolée d'avoir troublé votre repas. Si j'étais aussi belle que vous trois, je serais fière d'avoir un chirurgien aussi douée.. Ah! Voici les plats qui arrivent... L'espadon a l'air délicieux...et vos salades aussi... Hu Jin Ji? Vous êtes si bon, avec moi... Je peux en commander aussi?

Chapitre 5 : L'escalade


 

Nara soupira: elle avait pensé que rabattre son caquet à son persécuteur lui ferait plaisir. Résultat : il l'évitait et ne la menait plus nulle part. Dans cet appartement, seule avec Hatori, elle s'ennuyait à mourir.

Ce dernier nettoyait un beau guéridon d'acajou lorsqu'il s'interrompit et la regarda d'un air curieux.

-Si je puis me permettre...

-Evidemment.

-Qu'avez-vous fait à monsieur?

-Que voulez-vous dire?

-Je le voyais peu mais il se déchaînait sur moi pendant ses jours de repos... Il est resté ici un week-end entier et il n'est pas sorti de sa chambre.

-Il a déposé les armes, je crois... Il était plus combatif avant...

-Vous le connaissiez donc? Vous avez eu une histoire ?

Nara leva un sourcil étonné:

-Hatori? Comment pouvez-vous imaginer une seconde qu'entre moi et lui...

L'homme retomba sur Terre:

-Oui... Avec votre apparence, c'est impossible...

-Ne cherchez pas à comprendre la nature de notre... relation. Vous ne trouverez jamais.

Elle continua à déambuler dans le salon, à la recherche d'une niche à imaginer... Après le vase du 15eme éclaté par terre ce matin...

Elle avait lacéré ses rideaux, revendu ses affaires, envoyé ses huit voitures à la fourrière, avait commandé un hélicoptère pour faire 20 fois le tour de Séoul... Elle avait craqué sa carte de crédit et passait son temps à téléphoner à Télé-Shopping... Cinquante deux pizzas étaient sur le point d'arriver... et il ne réagissait plus.

-A se demander où est passé le garçon imaginatif qui balançait mes cours par la fenêtre... Exactement ce que j'avais dit. Le problème quand on est en boucle, c'est qu'on arrive vite à court d'idées...

Elle décrocha son téléphone:

-Allo? Hu Jun Ji? Je téléphonais juste pour te prévenir que ta salle de bains est inondée. J'ai voulu prendre un bain et...

-Te fatigue pas. Je m'en contre-fiche. Tu vas devoir trouver mieux.

Elle raccrocha, bizarrement furieuse. C'était tout ce qu'il avait trouvé à dire?

Elle rappela à la hâte:

-Je suis désolée. J'ai oublié de te dire que j'ai voulu utiliser le grille-pain et il a pris feu... Le salon est en flammes!

-Détourne l'inondation de la salle de bain et ce sera parfait.

-Tu crois que je te raconte des histoires?

-Je crois que d'ici ce soir, la réalité aura rejoint la fiction. Ce n'est pas la première fois que tu inondes mon appart, en ce moment, c'est deux fois par jour...

-Tu n'as qu'à ne pas avoir trois piscines par pièce, grogna la jeune fille, vexée.

-Fais ce que tu veux mais arrête de m'appeler tout le temps!

-Tu rêves? J'ai dit que j'allais faire de ta vie un enfer!

-Pour cette vieille histoire? Tu es vraiment idiote, ma parole!

-Tu vas voir ce que c'est que d'être harcelé!

-Si c'est tout ce que tu as en magasin... J'ai vu pire!

-Avec ta vie de petit prince, tu n'as jamais rien vu mais tu vas découvrir l'enfer sur Terre, crois-moi!

-Ne vas pas trop loin: si tu montres tes vidéos, tout s'arrête.

-Tu vas vouloir me jeter dehors bien avant et tu seras désespéré de ne pouvoir le faire...

-Essaie toujours, mocheté... On verra qui se fatiguera en premier...

 

Partie 2

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