La mégère apprivoisée

Seoul, 16 octobre, Maison des Lee

Devant le perron.

-Carmen, avec humeur : Vous pouvez me dire ce qu’on fait là ?

-Min Ho : On emménage. Vos affaires ne devraient pas tarder.

-Emménager ici, pourquoi ? Vous avez un superbe appartement !

-Dans lequel je pouvais vivre tant que j’étais célibataire. Maintenant, il faut bien que je revienne vivre ici…

-Pourquoi ?

-Pour que vous soyez sur place jour et nuit et vous éviter des trajets inutiles…

-Des trajets pour quoi ?

-Pour veiller sur vos beaux-parents…Le dévouement d’une femme envers les membres de sa belle-famille est le premier devoir des épouses coréennes.

-Carmen (ulcérée) : Ça ne va pas ? Je ne vais pas m’occuper de vos parents ! Vous n’avez qu’à demander à votre sœur de le faire !

-Min Ho, haussant les épaules : Elle ne le peut pas… Elle s’occupe déjà de ceux de son mari…

-Pas question que je m’occupe de vos parents !

La porte s’ouvre. Madame Lee ouvre.

-Madame Lee, l’air revêche : Vous avez deux minutes de retard, dépêchez-vous !

-Carmen : Je vous interdis de me parler sur ce ton !

-Min Ho : Vous n’avez rien à lui interdire et vous devez montrer du respect à vos ainés.

-Madame Lee : La cuisine est par là.

-Carmen : Et alors ?

-Min Ho : C’est à vous de préparer le dîner.

-Carmen : Vous avez un cuisinier, que je sache !

-Je l’ai licencié. Vous êtes là, la tradition veut que ce soit l’épouse qui cuisine.

-Carmen (ironique) : Vous allez souffrir, je suis nulle en cuisine.

-Moins que vous : la femme ne mange que ce qu’elle a préparé et ce, afin d’être sûre de ne pas être empoisonnée car la disparition de l’épouse entraînerait un trou béant dans la continuité de la lignée et une perte irréparable pour l’éducation des enfants.

-Carmen (moqueuse) : Alors nous souffrirons ensemble…

-Pas du tout : un homme, en cas de décès prématuré peut être remplacé par un oncle, un cousin ou tout autre mâle appartenant à la même lignée sans problème, donc, il peut prendre le risque de mourir empoisonné et sortir manger où il veut. Si vous refusez de me nourrir, je me résignerai à continuer à fréquenter le restaurant trois étoiles auquel je suis habitué.

-Carmen (irritée) : C’est n’importe quoi ! Je téléphone à mon père !

-Je crains que ce ne soit impossible. Le téléphone et tout objet moderne sont proscrits dans notre manière de vivre…

-Quelle manière de vivre ? Vous aviez bien un téléphone jusqu’à présent, non ?

-L’obligation de suivre les lois ancestrales ne commence qu’au moment où le processus est mis en route et où l’une des lois a dû être suivie… Toutes les autres suivent. J’avais juré à mes parents de suivre les enseignements de mes ancêtres après avoir vécu une jeunesse à mon idée et de ne me ranger qu’au moment de mes fiançailles. Avant cela, ils me laissaient faire ce que je voulais.

-Carmen (fronçant les sourcils) : et après ?

-Je reprends l’affaire familiale de transports poids lourds. Mon père était soulagé de pouvoir prendre sa retraite.

-Carmen (affolée) : Mais vous ne pouvez pas abandonner votre carrière comme ça !

-Je vieillis… Un de ces jours, je vais devenir has-been. Je préfère me retirer en pleine gloire. Vous devriez aller préparer le repas, l’heure approche.

-Carmen (outrée) : Vous ne vous en sortirez pas comme ça ! Je sais ce que vous essayez de faire mais ça ne marchera pas !

-Si vous voulez manger, vous devriez vous y mettre.

Carmen essuie d’un geste rageur ses larmes d’impuissance :

-ça va, vous avez gagné ! Il y a quoi dans les placards ?

- Madame Lee, mère (sèchement) : allez vérifier, je ne vais quand même pas le faire pour vous !

Carmen se retire en vociférant. Monsieur Lee et Youn Soo les rejoignent :

-Monsieur Lee : Comment ça se passe ?

-Min Ho : Comme je le pensais… Elle est coriace. Vous savez ce que vous avez à faire ?

-Madame Lee : Je joue les belles-mères acariâtres et exigeantes et je me rajoute vingt ans d’âge…

-Papa ?

-Je fais comme si j’étais impotent et je lui donne des ordres du matin au soir en me montrant le plus désagréable possible.

-Youn So ?

-Je reste moi-même et j’agis comme d’habitude…(fronçant les sourcils) : pourquoi est-ce que je me sens limite insultée ?

Carmen revient.

-Pourquoi vos robinets ne marchent-ils pas ?

-Min Ho : La tradition veut que la fiancée aille puiser de l’eau au puits.

-Le puits ? Vous vous sentez bien ? Vous n’aviez pas l’eau courante jusqu’à présent ?

-Madame Lee : Min Ho nous a promis que nous pourrions retrouver la pureté de nos traditions ancestrales le jour de ses fiançailles. Cessez de discuter, le seau est ici.

-Pas question que j’aille puiser de l’eau au puits !

-Alors, vous mourrez de soif.

-Et vous avec moi !

-Madame Lee : sûrement pas puisque nous, nous avons le droit de sortir.

-Vous comptez me garder prisonnière ici ?

-Min Ho : La femme ne sort pas de la maison si elle n’est pas accompagnée de son époux… et malheureusement, je ne vais pas être très souvent à la maison puisque j’ai énormément de détails à régler avant de prendre ma retraite dans un mois…Si vous ne voulez pas mourir de soif… Le puits est derrière la maison. Si vous avez faim, vous devriez y aller.

-Carmen (haineuse) : Je ne crois pas un mot de votre mascarade ! Vous voulez juste éviter ce mariage ! Mais je vais vous épouser et là, vous finirez de rire !

-Monsieur Lee (sèchement) : cessez de dire n’importe quoi et préparez le repas !

Carmen repart, excédée.

-Youn So (à Min Ho) : faire creuser un puits en une semaine, tu as fait fort…

-ça n’a rien d’extraordinaire. Le plus compliqué a été de planter des ronces autour de manière à ce qu’elles aient l’air d’être là depuis longtemps.

-Youn So (se retenant de rire) : Mon gentil petit frère, sadique. On aura tout vu. Tu la détestes à ce point ?

-Min Ho (le regard dur) : Elle a planifié de devenir célèbre grâce à moi pour pouvoir lui voler son mari grâce à la moitié de ma fortune et la gloire qu’elle en aura retirée.

-Comment le sais-tu ? Ce ne serait pas la première fille à vouloir t’épouser…

-Elle s’est inscrite pour m’enlever à sa cousine, elle lui a enlevé le garçon dont elle était amoureuse et elle ne supportera pas de la voir heureuse. Maintenant, la seule option qui lui reste, c’est de m’épouser, transformer l’essai en devenant une flamboyante vedette qui pourra éblouir ce pauvre garçon.

-Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

-La tête qu’elle a fait quand elle a appris que Marie se mariait. Le contrat de mariage qu’elle a à tout prix voulu réécrire et qui stipule que le fait de passer cinq ans mariée lui assurera de toucher la moitié de mon patrimoine en cas de séparation. Je ne l’épouserai pas et je vais faire en sorte qu’elle ne puisse plus nuire à personne.

-Youn So (impassible) : Tu vas l’assassiner ?

-Min Ho (horrifié) : Youn So !

-Sois clair quand tu dis les choses, je te l’ai toujours répété. Elle tient bien le choc. Qu’est-ce que tu vas faire ?

-Passer à la phase 2.

Ce soir-là, dans la chambre commune.

-Carmen (désignant la mince couette déposée à même le sol) : Qu’est-ce que c’est que ça ?

-L’endroit où nous allons dormir…

-Mais où sont les lits ?

-On dort par terre… Mais ne vous inquiétez pas, le sol est très bien chauffé grâce à l’ondol. C’est un système de chauffage très ingénieux qui permet de garder le plancher à une température très agréable…

-Mais il n’est pas question que je dorme par terre !

-Alors, dormez debout si le cœur vous en dit. J’ai sommeil, bonne nuit !

Il se couche par terre et ferme les yeux. Carmen fait le tour de la maison et vérifie qu’il n’y a pas de lit. Il n’y a plus ni chaises, ni tables, non plus.

Elle revient, furieuse :

-Pourquoi n’il y a-t-il pas de meubles dans cette maison ?

Min Ho, sans ouvrir les yeux :

-Nous avons des armoires… Pour le reste, tout se fait assis par terre ainsi que le faisaient nos ancêtres…Je dois admettre que vivre à l’occidentale ces dix dernières années n’étaient pas très agréables : On a tendance à se ramollir.

Le silence s’installe.

-Carmen : Vous dormez ?

Pas de réponse.

-Carmen (plus fort) : Vous dormez ?!

Elle se résigne à s’allonger près de lui sur la couette. A ce moment, de déchirantes et assourdissantes mélopées envahissent l’espace et manquent réveiller tout le quartier.

Les chanteurs chantent si fort que Carmen a dû mal à se faire entendre :

-Qu’est-ce que c’est que ça ?!!

-Min Ho (réveillé par les bousculades de Carmen et se mettant à hurler pour couvrir les sons discordants) : J’ai besoin de musique à fond pour m’endormir mais comme je n’ai plus droit à ma chaine hifi…

-C’est quoi cette horreur ?

-Du Hyangak, notre musique traditionnelle… Très populaire sous l’ère Goryo… Et les instruments que vous entendez sont le haeggum et janggo… Vous aimez ?

-Non !!!!

-Vous vous y ferez… Une petite quinzaine et vous y serez habituée !

-Et ça va durer longtemps, leur vacarme ?

-Toute la nuit ! J’ai besoin de musique pour m’endormir…

-Je n’en ai rien à faire… ! Je veux dormir… !

-Les désirs du mari l’emportent ! (Min Ho se recouche et lui tourne le dos) : Vous devriez dormir… Demain, vous devrez nettoyer le plancher… C’est long mais nécessaire au bien-être des gens qui vivent dans cette maison. Jalja.

Seoul, 17 octobre 2020, 15h, Maison des Lee.

-Min Ho arrive dans le séjour, ensommeillé : Tout le monde va bien ?

-Madame Lee : Il faut le dire vite… Ta fiancée ne sait rien faire ! Elle est nulle en cuisine et je ne parle pas du ménage !

-Carmen (outrée) : Je ne vous permets pas…

-Youn So (catégorique) : Quand on sait même pas préparer des ramens, on ne se la ramène pas. Et vous devez montrer du respect à vos ainés, c’est la règle.

-Ce n’est pas ma mère que je sache !

-Madame Lee : Le ciel soit loué ! Je n’aurais jamais pu supporter d’avoir une fille pareille !

-Pourtant, la vôtre n’a pas l’air géniale…

-Min Ho : Elle a ses qualités…

-Youn So : dont une ceinture noire de karaté. Vous voulez une démonstration ?

-Carmen : Vous croyez me faire peur ?

-Youn So : Non. Il faudrait que plusieurs neurones se rencontrent pour que vous puissiez la ressentir… je pense que chez vous, de ce côté, la distanciation sociale est amplement respectée.

-Carmen (furieuse) : Qu’est-ce que vous avez dit ? Répétez pour voir ?

-Youn So (dédaigneuse) : Je n’ai pas le temps. Alors mettez des annonces et essayer d’organiser un meeting pour les trois malheureux isolés qui errent dans votre tête et tentez de répondre à cette question toute seule !

-Monsieur Lee (à Min Ho) : Ton colis est arrivé.

-Min Ho : Enfin ! Ils en ont mis du temps !

Carmen jette un regard méfiant aux innombrables boites qui emplissent le hall.

-Qu’est-ce que c’est ?

Min Ho ouvre. A l’intérieur se trouvent de très jolis vêtements très bariolés.

-Nos Hanboks.

-Nos quoi ?

-Nos vêtements.

-Carmen (horrifiée) : Vous n’attendez pas que je porte un truc pareil ?

-Bien sûr que si.

-Carmen (méfiante) : Mais vous m’avez l’air bien heureux de vivre à la médiévale, tout-à-coup…

-J’ai vécu à la traditionnelle jusqu’à l’âge de seize ans…puis j’ai fait ce que j’ai voulu… Et je me rends compte que cela ne me convenait pas du tout… C’est pour cela que j’ai demandé à la présidente d’organiser cette émission pour me trouver une épouse…Pour accélérer les choses…

Vous verrez, c’est hyper confortable…

-Carmen (ironique) : Vous pouvez toujours courir pour que je mette ça…

-Min Ho : Alors, heureusement que je suis un adepte du jogging parce que j’ai brûlé vos affaires hier soir.

-Carmen (horrifiée) : Quoi ?!!!

-Min Ho ( désolé) : Cela ne seyait pas du tout à ma future épouse… Et cette robe jaune était hideuse…

-C’était du Chanel !

-Eh bien, ce monsieur n’avait pas l’air bien inspiré, ce jour-là !

-Coco Chanel est une femme…

-Qui doit souffrir d’une perte de goût ces derniers temps…

-Elle est morte !

-Ce qui peut excuser son manque d’inspiration, je suppose. Si vous ne voulez pas passer les 25 jours restants en chemise de nuit, je vous suggère d’enfiler ce vêtement au plus vite. Je vais faire de même.

-On va être ridicules, si on fait ça !

-Min Ho (candide) : Pourquoi ça ? La première chose qu’on vous apprend en tant qu’acteur, c’est qu’on n’est jamais ridicule si on croit à ce qu’on fait. Et moi, j’effectue un retour à mes racines ancestrales. Si vous voulez sortir, je vous emmène. Sinon, vous pouvez restée cloitrée ici.

-Carmen (pleurant de rage) : Vous me paierez ça…

-N’oubliez pas le ruban… Il se noue à l’arrière… Vous voulez que je vous aide pour la coiffure ?

Palais de Busan, salle de bal, 21h, réception de l’Ambassadeur de Russie.

Park Lin Jun, épouse du consul de Seoul : Vous avez vu Lee Min Ho et son épouse ? Qu’est-ce qui leur prend ? C’est le général Choe Young qui lui est monté à la tête ? Cette pauvre fille aurait mieux fait de ne pas gagner ce jeu… Elle est grotesque ! Cette tenue ne va pas du tout à une occidentale…

Soon Jun, épouse du maire de Busan : Il est vrai qu’elle est vraiment risible… Mais je suis désolée, je n’arrive pas à rire de lui…

-Kun Ji Kin, épouse du professeur Kun Jun, éminent chirurgien : C’est clair… Il est trop beau pour être ridicule ! En ce qui me concerne, je suis toujours étonnée de voir à quel point tout lui va…Et puis le Hanbok fait partie de notre patrimoine, il est remarquable que monsieur Lee le remette sur le devant de la scène afin de compenser son rapprochement avec cette occidentale…

18 octoble 2020, parution de « l’écho du matin »

« Lee Min Ho effectue un retour aux sources »

De « Ici Seoul »

« Lee Min Ho déclare : « Un coup de publicité pour mon prochain Drama… ? Peut-être… » Dans tous les cas, en costume de ville ou en Hanbok, le roi est toujours aussi flamboyant. Quel dommage qu’on ne puisse pas en dire autant de sa fiancée ! »

8 novembre 2020, salon des Lee, 18h

-Min Ho (ensommeillé) : Bonjour tout le monde !

-Carmen (excédée) : Il vous arrive de vous lever à des heures décentes ?

-Youn So : Vous n’avez pas à protester, mon frère est le maître de maison, il fait ce qu’il veut. Vous, vous avez les courses à faire…

-Et si je refuse ?

-Les placards seront vides comme la semaine dernière et vous irez vous coucher le ventre creux.

-Vous n’avez pas le droit de faire ça, je me plaindrai !

-Min Ho : Bien sûr que j’en ai le droit, c’est écrit noir sur papier velin écru 70 mg. Mais pour enterrer la hache de guerre, je vous ai commandé exceptionnellement un chef qui va cuisiner pour vous. Vous aimez le Bosintang ?

-Qu’est-ce que c’est ?

-De la soupe de chien. C’est très bon.

-Vous mangez du chien ?

-Naturellement…

-Votre pincher…

-Chokko ? Il était peut-être un peu filandreux. On a dépassé l’âge de consommation optimal… mais vous savez ce que c’est…On repousse le moment au maximum…

-Vous aviez dit que vous ne le mangeriez jamais…

-Quand j’ai vu la réaction du reste de la planète, j’ai rectifié le tir… Mais si vous devenez ma femme, vous allez bien vous en rendre compte… De toute manière, chez vous, quand une vache ne donne plus de lait, elle passe à la casserole, non ?

-Carmen (hausse les épaules) : Après tout, pourquoi pas ? C’est quoi comme chien, dans votre soupe ?

-Je sais pas… Une race européenne qui est arrivée ce matin…

-Carmen : Mon chien est arrivé ce matin…

-Min Ho (horrifié) : Je suis désolé ! On a cru que c’était le repas de midi !

-Carmen (haussant les épaules) : Bon… Il pouvait plus servir aux concours de toute manière… J’espère au moins qu’il sera bon ! Je vais voir comment s’en sort le chef ! »

Elle s’éloigne vers la cuisine.

-Youn So (à Min Ho) : Moi qui trouvait que tu y allais un peu fort sur ce coup-là… C’est un monstre cette fille !

-Min Ho (soucieux) : C’est bien ce que je t’avais dit… Chokko va bien ?

-Evidemment ! Ton neveu est ravi : lui qui rêvait d’avoir un animal, il en a deux…

-Il va pouvoir garder le deuxième, apparemment.

-Youn So (sursaute) : Tu es sérieux ? Min ! C’est un truc énorme et il me fiche la trouille ! Je sais même pas ce que c’est !

-Un danois. Ça peut être très sympa avec un bon dressage. Il y a un film de Disney sur ça.

-Le cabot qui se prenait pour un teckel ? Si celui-là pouvait en faire autant, je préfèrerais ! Il n’a jamais été question que je le garde !

-Elle est en train de vérifier la sauce qui va l’accompagner… Qu’est-ce qu’il a fait pour mériter d’avoir une maîtresse pareille ?

-Youn So (soupire) : Okay…

-Et si tu peux, réserve un vétérinaire… Je pense qu’il a mal à l’oreille…

12 novembre 2020, Maison des Lee, 19h30

-Min Ho (ensommeillé) : Il est quelle heure ?

-Carmen (épuisée par un mois sans sommeil, grogne).

-Madame Lee : Ça ne s’arrange pas : ta fiancée est une catastrophe : elle a encore mis presque dix minutes à aller chercher de l’eau… Tout se passe bien ?

-Min Ho : Très bien… J’ai bouclé mes derniers engagements, payé les dédits de mon dernier Drama et commencé à gérer l’entreprise de Appa… Et ici ?

-La femme que tu as choisie est vraiment nulle… Je ne vois pas ce que je pourrais en faire…

-Je ne l’ai pas choisie. Pour le reste, avec le temps, elle finira bien par s’y faire…

-Tu vas sortir, ce soir ?

-Sortie Resto avec Bum et les autres… (à Carmen) : Vous avez encore mangé du riz blanc ? C’est vraiment dommage que vous ne sachiez pas cuisiner… Je sors… J’essaierai de vous ramener un petit quelque chose, si j’y pense…

17 novembre 2012, parvis de la cathédrale de Cathédrale de Myeong-Dong

-Journaliste de la W46 : Et nous voici revenu ici-même après un mois d’attente pour finaliser ce mariage qui, décidément, aura été riche en rebondissements. De très nombreux invités, admirateurs, badauds sont venus aujourd’hui pour être témoins de cet évènement exceptionnel.

Dans l’église, à gauche les invités européens, à droite, les invités coréens et au centre, Min Ho et sa fiancée, debout devant le prêtre.

Bum (assis au premier rang, chuchote à Hyun) : Tu crois qu’il a un plan ? Parce que jusque-là, je ne vois aucune différence avec la dernière fois…

-Hyun : Je n’en sais rien, écoute…

-Le Prêtre : Acceptez-vous de prendre pour épouse légitime Mademoiselle Carmen de Consuelo, de la protéger, de rester près d’elle dans la richesse et la pauvreté, dans la santé et dans l’adversité jusqu’à ce que la mort vous sépare ?

-Je le veux.

-Bum (indigné) : C’est tout ? C’est tout ce qu’il a trouvé ? Maintenant, il suffise qu’elle dise oui et c’est cuit !

-Le prêtre : Mademoiselle Carmen de Consuelo, acceptez-vous de prendre pour époux l’homme qui se trouve à vos côtés, de l’aimer et de le chérir jusqu’à ce que la mort vous sépare… ?

-Carmen : …

-Fernando del Consuelo : Qu’est-ce qu’elle a ?

Son avocat fait un geste d’ignorance.

-Le prêtre : Dois-je répéter ma question ?

-Carmen (la voix étranglée de fureur) : Non.

-Non.. Vous ne voulez pas que je répète ?

-Non, je ne veux pas l’épouser.

Brouhaha dans l’église.

-Fernando del Consuelo : Carmen ? Mais qu’est-ce qu’il te prend ?

-Carmen (haineuse) : Il y a que j’ai changé d’avis, c’est tout ! Je peux quand même épouser que je veux, non ?

-Fernando : Certes… Mais…

-Eh bien, lui, je n’en veux pas ! Et j’ai toujours ce que je veux ! C’est clair ?

-Oui, chérie…

Carmen tourne les talons et quitte l’église en courant devant l’air ahuri et peiné de Min Ho.

Fernando vient vers lui, gêné…

-Je ne sais pas quoi vous dire…

-Min Ho (choqué) : Je pensais pourtant que tout s’était bien passé… Je croyais sincèrement à ce mariage…

-Fernando : Carmen a toujours eu un caractère difficile… Essayer de lui forcer la main serait inutile…

-Min Ho (accablé) : En effet… Je pense qu’après tout, quelques signes auraient dû m’avertir qu’elle n’allait pas bien…

-Fernando (inquiet) : Comme quoi ?

-Je ne sais pas… Il y a eu des moments où elle disait des choses bizarres…Comme un syndrome de persécution…

-Fernando (atterré) : Je pensais que cela ne lui arriverait pas… Sa mère était comme ça… Complètement paranoïaque…

-Min Ho : Vous devriez aller la voir…

-Fernando : Mais pour ce qui est de notre accord…

-Min Ho : Il ne tient plus dans ces conditions… Le bonheur de votre fille est tout ce qui importe… Courez la retrouver à présent…

Fernando del Consuelo court hors de l’église, suivi peu à peu par la totalité des invités.

La présidente s’avance, furieuse :

« Je ne sais pas comment vous avez fait ça, mais ce n’est pas fini ! Je detiens toujours tous droits sur vous !

-Min Ho (calmement) : Clause 42.5.

-Quoi ?

-La clause 42.5… « Si le mariage préconisé par l’autorité parentale ne peut se faire, indépendamment de la volonté du descendant, ce dernier, afin de laver l’affront qui a souillé son honneur, est libéré de toute contrainte ultérieure liée à ladite autorité. »

-La présidente (blême) : Vous le saviez ! Vous l’avez fait exprés !

-Min Ho (faussement choqué) : Comment aurais-je pû chercher un moyen d’échapper à un mariage décidé par vous ? Je croyais sincèrement à cette union : je suis vraiment désolée que cette demoiselle ait changée d’avis… Un peu lunatique… Trop jeune, sans doute …

-La présidente (furieuse, commence à s’éloigner) : On se retrouvera… Croyez-moi ! Vous ne vous en sortirez pas toujours !

Min Ho hausse les épaules.

Joon s’avance vers lui : Faudra que tu m’expliques comment tu as fait ça…

Séoul, 3 décembre : maison de la voisine des Lee, madame Kim.

-Commissaire Kim Tan : Alors, tu as réussi à éjecter ta fiancée ?

-Min Ho : Je n’ai pas fait grand-chose…

-Tan (ironique) : La voir passer tous les matins en Hanbok pour aller puiser de l’eau a été une distraction très stimulante… Tu ne l’as pas vraiment épargnée, je me trompe ?

-Elle n’a pas refusé de m’épouser pour ça…

-Alors ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

17 novembre 2020, annexe de préparation de la mariée, toute proche de la Cathédrale de Myeong-Dong

-Carmen (furieuse) : Fais attention à ce que tu fais, Marie !

-Marie-Amélie (essayant d’accrocher le nœud derrière sa robe) : Désolée… ça n’arrête pas de glisser !

-Tu es vraiment idiote, ma pauvre fille ! Pas étonnant que Richard ne t’ait pas remarqué pendant si longtemps…

-Min Ho (qui vient d’entrer) : …et heureusement qu’à présent, il rattrape le temps perdu ! (Il sourit gentiment à Marie-Amélie) : Bonjour Marie, ça va ?

-Marie-Amélie (catastrophée) : Vous ne pouvez pas voir la mariée avant la cérémonie, ça porte malheur !

-Min Ho : Ne vous inquiétez pas : Notre mariage ne risque absolument rien. Pourriez-vous me laisser seul avec ma fiancée ? J’aimerais lui parler…

Marie-Amélie sourit :

-Evidemment…

Elle disparait.

-Carmen : Ne croyez pas que je n’ai rien remarqué…

-A quel sujet ?

-Votre regard change quand vous regardez Marie-Amelie…Ce qui prouve que vous jouez la comédie avec moi…

-Ou que je vous trouve désespérément antipathique…

-Vous jouez la comédie. Vous n’avez pas plus envie que moi de vous promener en Hanbok pour le restant de vos jours ou de vivre comme un pauvre débile coincé au moyen-âge…Vous avez perdu. Jamais vous ne laisserez tomber votre carrière et vous allez vous lasser bien vite de vos stupidités anachroniques… D’ici une semaine, vous reprendrez votre vie normale…

-Et dans cinq ans, vous divorcerez et récupèrerez Richard.

-Carmen (troublée mais se reprend très vite) : Vous êtes perspicace…

-On ne cesse de me le répéter. Mais votre plan si parfait risque de coincer car il y a un détail que vous avez raté…

-Carmen (indifférente) : Lequel ?

-En cas de divorce, ma carrière s’achève.

-Carmen : Je vais pleurer…

-Vous devriez parce que ce détail vous impacte directement…

-Vous n’avez pas bien compris ? Dans cinq ans, je divorce et votre sort me sera complètement égal. Nous serons légalement séparés, je serai devenue une star, riche et je reprendrai Richard à cette pauvre cruche ! Et vous ne pouvez rien faire pour l’empêcher : Vous êtes obligé de m’épouser : la présidente me l’a expliqué... »

Min Ho s’approche de la coiffeuse à laquelle elle est assise et place son visage à quelques centimètres du sien.

-Etes-vous réellement stupide ?

-Carmen (se trouble et essaie, sans succès de se reculer) : N’essayez pas de m’intimider…

-Qui pourrait vous rendre timide ? Vous êtes si maligne… Mais vous n’avez même pas compris le trait dominant de mon caractère…

-Je m’en fiche complètement…

-Ce qui montre votre stupidité… On ne perd jamais de temps à étudier un ennemi.

Si vous vous étiez un peu renseignée sur moi, vous sauriez que mon métier représente la quasi-totalité de ma vie…

-Sortez les mouchoirs…

-Vous devriez, vous allez en avoir besoin. Je n’ai pas menti : je préfère arrêter ma carrière tout de suite que de la voir détruite par un scandale. Mais je suis très pris par mon métier : j’ai besoin d’être toujours occupé, stimulé… Alors, que va-t-il se passer, à votre avis, lorsque je vais reprendre l’affaire de mon père, certes florissante, mais nécessitant un investissement personnel de 60% inférieur à celui que je fournis actuellement… ?

-Comment voulez-vous que je le sache… ?

-Je vais m’ennuyer… Et quand je m’ennuie, je me fixe des objectifs que je finis toujours par atteindre… Pas parce que je suis surdoué… mais parce que je montre une patience et un entêtement sans borne quand je veux quelque chose … Je mets le temps et les efforts qu’il faut mais j’arrive toujours à mes fins…

-Pourquoi vous me dites ça ?

-Parce que dans quelques minutes, je vais faire le serment de rester près de vous quoi qu’il arrive jusqu’à ce que la mort nous sépare. Et je tiendrai parole.

-Et alors ?

-Alors, pour rester auprès de vous, je ferai tout pour repousser ce divorce auquel vous tenez tant. La loi de Goreyo dont je dépends le rendra plus difficile encore…

-Mes avocats…

-Arriveront à faire sauter le verrou juridique… dans une vingtaine d’années…Entre temps, vous aurez dû me présenter comme un monstre pour arriver à vos fins !

-Carmen(ironique) : Ce ne sera pas bien dur…Quand vos fans apprendront comment vous traitez votre femme…

-Les vôtres déchanteront en constatant que leur lionne indomptable ne sait que gémir à la télévision que son méchant mari la prend pour Cendrillon. Sûr qu’ils seront séduits par l’image de leur déesse, épuisée par des nuits sans sommeil et usée par une vie d’horreur, trainer de plateaux en plateaux pour distiller des détails sordides sur notre quotidien… Plaignez-vous … Je perdrai en popularité… Mais j’en ai beaucoup. Vous n’en avez pas. Ce n’est pas ainsi que vous en obtiendrez.

-Parce que vous croyez que je ne supporterai pas vos petites tracasseries ? Je vous l’ai dit : je ne vous crois pas : vous jouez la comédie.

-Evidemment que j’ai joué la comédie. Je suis acteur. Je ne suis absolument pas tenté par une vie traditionnelle… J’adore les jeux vidéo, passer des heures au téléphone et conduire ma voiture. Je suis un fan de fast-food et je suis toujours ravi d’aller au cinéma… Mais si, par votre faute, je perds ce qui constitue ma vie, je ferai tout ce qu’il faut et je ne reculerai devant aucun sacrifice pour remplir mon nouvel objectif.

-Qui est ?

-De vous pourrir la vie. Tous mes efforts, toute mon opiniâtreté, la moindre de mes compétences sera utilisée pour faire de votre vie un véritable enfer. Année après année, semaine après semaine, jour après jour, minutes après minute, seconde après seconde… Je ne reculerai devant rien. Et ce que je suis en réalité n’a aucune importance car c’est mon comportement que vous subirez quotidiennement.

-Vous croyez me faire peur ? J’ai résisté à votre mois d’horreur, vous vous lasserez avant moi.

-Vous n’avez rien vu. Je vous ai imposé quelques règles mais je suis toujours resté courtois. Si vous voulez avoir un aperçu du personnage que je vais incarner jour et nuit depuis la seconde où vous aurez prononcé vos vœux, imaginez un mélange de la brutalité d’un Go Jun Pyo vieillissant et aigri coincé dans un mariage sans amour et de la rigidité morale du général Choe Young qui n’aurait pas rencontré la femme de sa vie pour adoucir un peu son caractère. Quand je vous lâcherai enfin, vous aurez 38 ans et l’air d’en avoir le double. Les scandales et les révélations douteuses vous auront fait perdre toute crédibilité et vous n’aurez plus qu’à rentrer chez vous la tête basse, en vous demandant où sont passées votre jeunesse et votre beauté.

-Carmen (inquiète mais essayant de ne pas le montrer) : C’est une menace ?

-Une promesse. Il m’est déjà arrivé de ne pas mettre mes menaces à exécution. Mais je ne me parjure jamais.

Il se redresse et éloigne son visage de celui de la jeune fille, qui commence à respirer plus librement, avant de sourire, l’air désinvolte et de lui tendre son bras.

-On nous attend. Prête ? »

Seoul , 3 decembre , maison de madame Kim

-Commissaire Tan : Tu lui as fait peur !

-Min Ho : N’éxagérons rien. Je lui ai donné un bref aperçu de notre vie conjugale.

-Tan (hilare) : Notre gentil petit Min Ho qui se comporte comme une teigne ! On aura tout vu ! Tu te sens comment ?

-Sûrement mieux qu’elle en ce moment.

Le téléphone de Tan vibre. Il regarde les notifications et sourit :

« Tiens… Tu as posté sur insta ?

Il lance la vidéo : sur l’écran, on peut voir Carmen en robe de mariée…

« -Vous n’avez pas bien compris ? Dans cinq ans, je divorce et votre sort me sera complètement égal. Nous serons légalement séparés, je serai devenue une star, riche et je reprendrai Richard à cette pauvre cruche ! »

Tan émet un petit sifflement :

-Elle a bien dû t’énerver celle-là pour que tu envoies ça à tes 18 millions d’abonnés…

-65 millions…

-Quoi ?

-J’ai envoyé la vidéo via tous mes réseaux sociaux et en priorité haute à Marie-Amélie et à Richard. Elle ne pourra plus le lui reprendre.

-Tan (sourire ironique aux lèvres) : Elle aurait eu du mal de toute manière...

-Comment ça ?

-Tu ne te renseignes même pas du devenir de ta fiancée ? Lis.

Il lui tend son téléphone sur lequel on peut lire :

« La princesse Carmen consolée. Ses fiançailles avec l’acteur Lin Juk Soon ne sont pas passées inaperçues. Une grande fête a été donnée et la mariée nage dans le bonheur.

« c’est beau ce que le hasard peut faire…Lin Juk Soon déclare : « Je ne devais pas prendre cet avion mais mes réservations ont sautées plusieurs fois. »

C’est comme ça qu’il s’est retrouvé assis près de la princesse qui l’a immédiatement séduit par son calme et le gentillesse.

Souhaitons leur un bonheur sans nuage. »

-Min Ho : Le hasard ?...

-Tan : Pourquoi tu me regardes comme ça ?

-« Le hasard a un nom : Il s’ appelle Tan. C’est toi qui as fait ça, n’est-ce pas ?

-Ce n’étais pas très dur de pirater quelques plans de placement de passagers pour le forcer à s’asseoir près d’elle. Pour le reste, elle avait besoin de se faire douce, patiente pour restaurer son image après la publicité que tu lui as faite.

-Mais pourquoi Lin Jun Suk ?

-Il est beau garçon…

-Tan…

-Okay.. Parce qu’il avait besoin d’une femme au plus vite pour reprendre l’affaire familiale…

- Quelle affaire ?

-La fondation Corée d’autrefois. »

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Commentaires

  • Marie-Laurence GELIN
    • 1. Marie-Laurence GELIN Le 14/04/2021
    Fin stratège notre LMH !
    Suspens et dénouement jusqu'au bout.

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